Marietta Karamanli et Stéphane Le Foll se positionnent sur trois demandes de Greenpeace Le Mans

Le mercredi 24 juin, les deux candidats en lice pour le second tour des municipales du dimanche 28 juin ont accepté de répondre aux questions de représentants de Greenpeace Le Mans. Les deux candidats se sont exprimés sur les aspects environnementaux de leurs programmes et sur trois points précis :  l'arrêt du projet de zone commercial de Béner et le projet alternatif de zone de maraîchage "Alter Béner", la mise en place d'un second menu végétarien dans les cantines scolaires du Mans, et les propositions du pacte de transition écologique de Greenpeace.

Cette tribune a été relayée sur les réseaux sociaux et auprès des médias locaux

 

Béner et Alter Béner

Marietta Karamanli : « je veux geler le projet »

« Je veux geler le projet…c’est un exemple flagrant de ce qu’on ne peut plus faire… la loi aujourd’hui bloque les nouvelles surfaces commerciales donc cela peut s’appliquer aux projets existants quand ces zones commerciales ne sont pas encore sorti du sol [… ] d’autant que nous avons trop de zones commerciales au Mans » a déclaré la candidate, qui envisage si elle est élue de commander un audit financier et juridique et une consultation pour construire une alternative autour de l’agriculture péri-urbaine et les circuits courts avec les collectivités locales.

Pour Greenpeace Le Mans, la candidate Marietta Karamanli fait preuve d’un volontarisme certain face au dossier « Béner » et adhère donc globalement au projet bâti par les opposants à la zone commerciale « Alter Béner ».

 

Stéphane Le Foll : contre la zone commerciale mais contre le fait de décider son arrêt

« Tout ça n’a plus aucun sens (ce type de zones commerciales)… il faut mettre fin aux zones commerciales… l’argument de l’emploi ne tient pas, ce ne sont pas les zones commerciales aujourd’hui qui créent de l’emploi… ». Le candidat et maire sortant a tenu lui aussi des propos forts contre le principe de ce type de zone commerciale mais en refusant de dire si oui ou non il serait prêt à en décider l’abandon. Il a renvoyé la question au résultat d’un audit financier indépendant sans préciser quel serait le cabinet chargé de cette étude. Le candidat a précisé que des estimations de ses services chiffrent à entre 5 et 10 millions d’euros le coût de l’arrêt du projet, sans préciser encore une fois ce que prennent en compte ces estimations, sachant qu’aucun travaux n’a encore débuté, ce qui devrait réduire de beaucoup la facture. Monsieur Le Foll a déclaré ne pas croire au risque d’inondation et de pollution  à la bétonisation de cette zone en surplomb de l’Huisne, contre de nombreuses études, et arguments des opposants qui citent ce risque pour l’approvisionnement en eau de la métropole. Il a enfin répété à plusieurs reprises qu’il préfèrerait « mettre l’argent du coût d’un arrêt autre part car c’est de l’argent qu’on ne récupérera pas.

Pour Greenpeace Le Mans, la prise de conscience sur l’absurdité et l’inutilité du projet de Béner semble bien réel mais il fait passer l’aspect financier avant le danger environnemental que représente une énième zone commerciale au Mans (pollution atmosphérique, danger pour l’eau et risque d’inondation, artificialisation de terres agricoles, etc.). Face à « l’argent qu’on ne récupérera pas », on peut rétorquer que la zone de Béner aboutira à des terres sacrifiées qu’on ne récupérera jamais (comme les nombreuses friches industrielles et commerciales qui jonchent l’agglomération).

 

Deux menus végétariens dans les cantines

Marietta Karamanli : oui aux deux alternatives végétariennes

Pour la candidate, il s’agit d’abord d’une « question d’éducation et de pédagogie auprès des services de la mairie, auprès des parents, beaucoup de gens pensent encore que la viande est indispensable pour être en bonne santé, notamment pour les enfants alors qu’on sait maintenant que c’est faux ». Il s’agit pour Madame Karamanli d’une question autant environnementale que sanitaire. Il faut selon elle privilégier la qualité à la quantité, montrer qu’on peut manger sain, bio et pour peu cher… tout est une question de temps consacré.

Pour Greenpeace, la candidate a cerné les enjeux de la proposition de Greenpeace pour deux repas végétariens par semaine, pour amorcer un changement culturel progressif et permettre à tous de manger moins de viande mais mieux.

 

Stéphane Le Foll : il faut manger moins de viande mais non aux injonctions alimentaires

Pour le maire sortant, il faut en effet une baisse de la consommation carnée mais il s’est refusé à toute évolution sur un second repas végétarien par semaine dans les cantines mancelles. Stéphane le Foll a avancé l’argument selon lequel les classes populaires ne mangent de la viande qu’à la cantine et mis en avant son bilan et ses objectifs, d’après lui, dits ambitieux sur l’augmentation du bio.

Pour Greenpeace Le Mans, le Maire sortant a tenu des propos inattendus sur le besoin de « baisser la consommation de viande » mais  s’est refusé à passer le pas d’un repas végétarien supplémentaire par semaine pour les petites et petits manceaux. Il a avancé l’argument selon lequel les enfants des classes populaires ne mangent pas suffisamment de viande quand on sait que c’est l’inverse puisque ces enfants consomment souvent même trop de viande mais de mauvaise qualitéquand par contre ils manquent de fruits, légumes ou légumineuses. Plus de menus végétariens leur permettraient d’y avoir accès.Enfin, le maire sortant a ressassé l’opposition entre « social » et « environnemental ». Cette opposition est désormais dépassée, que l’élevage intensif est responsable de 14% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Un menu végétarien supplémentaire par semaine permettrait aux enfants du sur Le Mans de manger moins de viande mais mieux car la viande reste très onéreuse. Greenpeace n’est pas pour une « injonction alimentaire » mais plus de diversité et surtout pour lutter contre les idées reçues très tenaces selon lesquelles la viande, c’est la santé. Et cela commence par le plus jeune âge car nous n’aurons d’autres choix que de baisser notre consommation de viande pour lutter contre les changements climatiques.

 

Le pacte de transition écologique

Marietta Karamanli valide une grande partie des propositions de Greenpeace mais attendait de se prononcer définitivement à l’heure où nous écrivons ses lignes.

 

Stéphane Le Foll, de son côté, a acquiescé sur une partie des propositions mais s’est dit refuser de signer le pacte. Pour Greenpeace Le Mans, face au volontarisme des mots du maire sortant, les actes et engagements sont encore bien timides.