La position de Greenpeace sur la crise requins – sur le fond

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Au sujet des requins

« Pourquoi tant de colère hier ?  » C’est par ces mots qu’un internaute, sur Facebook, a commencé son message publié sur la page de Greenpeace France et du Groupe Local de la Réunion.
Un message dans lequel il explique que le fait que Greenpeace France partage sur sa page cette interview de Sébastien Mabile http://www.terraeco.net/Tuer-les-requins-pour-eviter-les,53506.html , avocat, publiée par TerraEco a été très choquant pour lui.

Pourquoi tant de colère ? La question est légitime.
Partager des contenus – extérieurs, et non produits par Greenpeace – est devenu quelque chose que nous faisons régulièrement. Pourquoi ? Pour nourrir la réflexion, pour nourrir le débat, pour ouvrir une discussion, pour permettre à chacun de se documenter et de se positionner.
Certainement pas pour faire face à des injures, à des insultes, à des menaces physiques.

On a le droit, et on a même le devoir de ne pas être d’accord. On a le droit, et le devoir de défendre ses opinions. Mais on a aussi le devoir de le faire avec des arguments posés et prouvés, de le faire en respectant son interlocuteur, de le faire de manière réfléchie, pensée.
Que ce soit sur internet ou ailleurs, insulter, crier, écrire en majuscules, menacer n’a jamais contribué à un débat. Ça le coule.

La position de Greenpeace – sur le fond

La Réunion est dans une situation terriblement douloureuse, terriblement complexe. Car il faut assurer la sécurité des personnes et assurer le respect de la biodiversité.

Aujourd’hui, alors que depuis plusieurs mois de nombreux  acteurs le réclament, aucune étude n’a réellement été menée. Des décisions sont prises dans la précipitation et des solutions sont avancées avant même d’avoir compris, réellement, la situation. De l’argent public, et donc des contribuables, est dépensé dans des dispositifs non pérennes …

Aujourd’hui, il y a incontestablement une augmentation du nombre des attaques. Mais on est incapables de dire si on a une recrudescence de la présence des requins. Il faut un travail scientifique qui prendra du temps pour évaluer la population présente. À ce stade, abattre des requins pour limiter leur population n’a pas de sens tant qu’on ne connaît pas la réalité du nombre de requins, et qu’on n’a pas prouvé scientifiquement que leur nombre était en augmentation.

De même, on ne sait pas si les requins présents autours des côtes de la Réunion sont sédentaires ou non. S’ils ne sont pas sédentaires, l’idée d’une régulation de la population n’a pas sens. Ainsi, récemment, un requin tigre marqué à la Réunion a été pêché au large des côtes malgaches. Et même s’il s’agit de populations sédentaires, les campagnes d’abattages ne permettraient pas de supprimer le danger, mais de potentiellement diminuer statistiquement, et donc sur le papier uniquement, le risque de fréquence d’attaques.

Qu’est ce qui pourrait expliquer, si cela est avéré, que les requins se rapprochent des côtes ? C’est très probablement une combinaison d’explications : Augmentation des rejets de déchets depuis la côte, présence de fermes d’aquaculture, surpêche en haute mer  autant de facteurs qui poussent les requins à chercher d’autres lieux pour se nourrir.

Oui, le requin est une espèce en raréfaction : prisées pour leurs ailerons ou leur chair, 143 espèces de requins sont menacées d’extinction. Ce n’est pas Greenpeace qui le dit. C’est l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Dans l’ensemble des océans, les espèces de requins sont surexploitées, avec en moyenne une diminution des populations de 90% en à peine quelques décennies.

La pêche aux requins pour les ailerons, qui décime les populations, et les prises accessoires de requins, en particulier dans les filets des thoniers, sont responsables de cette mise en danger de l’espèce. De nombreuses espèces de requins sont aujourd’hui très menacées. Et qu’on le veuille ou non, le requin est important pour les écosystèmes marins de la zone et doit tenir sa place dans cet écosystème. Abattre des requins ne va pas améliorer cette situation.

Des solutions devront être proposées, c’est urgent pour les habitants de la Réunion ! Mais ces solutions doivent s’appuyer des faits, des études, car elles doivent proposer de vraies réponses. L’écologie c’est de trouver un équilibre entre l’homme et la nature.

Et si Greenpeace combat les crimes environnementaux et défend cette Planète, c’est parce que nous, les hommes, y vivons.

Voilà cette position de Greenpeace. Qui ne sera pas unanime, qui peut être questionnée, qui peut être critiquée. Ou partagée par d’autres, qui sait ?

Cette position est ouverte à discussion. Respectueusement.