Depuis la semaine dernière, Greenpeace Russie a envoyé sur le terrain, en République des Komis, une « Oil Spill Patrol » composée d’environ 40 experts et bénévoles originaires de 14 pays différents.
Ces fuites, que Greenpeace Russie étudie depuis une dizaine d’années maintenant, sont provoquées par les industries de la région. Voir notre page Glace Noire.
Ces fuites s’étendent de manière considérable dans la région.
Pire : elles impactent le pays tout entier. La région la plus meurtrie se situe plus à l’est, en Sibérie, dans les Khantys-Mansis. Mais malheureusement, l’équipe ne peut pas y accéder pour le moment, pour des raisons de sécurité.
Dans la mesure où les compagnies pétrolières et l’administration refusent de localiser, d’informer la population et d’agir sur ces déversements quasi quotidiens, Greenpeace, avec les organisations locales comme le comité « Sauver Pechora » (« Save the Pechora Committee »), sont les seules à tenter de documenter cette catastrophe en cours.
Même s’il est impossible d’obtenir un panorama précis de son ampleur, les estimations les plus précises sont épouvantables.
Tous les 18 mois, la même quantité de pétrole que celle déversée en 2010 dans le golfe du Mexique depuis une plateforme BP, s’épand dans l’océan Arctique via les fleuves russes. Sur son chemin, ce pétrole fait des ravages sur les rivières et les sols avec des conséquences désastreuses pour les poissons, les animaux et les humains.
La république des Komis est une région riche en pétrole et en gaz.
L’arrivée des pétroliers dans la région a provoqué un désastre à la fois économique, social et environnemental. Les membres du comité « Sauver Pechora », ONG née en 1989, interviennent pour identifier de nouvelles zones contaminées par du pétrole, sensibiliser et mobiliser la population locale mais aussi nettoyer, comme ils le peuvent et parfois au détriment de leur santé, les endroits pollués par ces entreprises.
Convaincre les autorités locales
Il convient de multiplier les preuves et de quantifier au maximum l’étendue des dégâts. C’est pourquoi la Oil Spill Patrol se répartit les tâches : un groupe se charge du nettoyage tandis qu’un autre s’occupe de repérer et de cartographier de nouvelles zones contaminées par des fuites de pétrole. L’étude de la région se fait – dans un premier temps – sur la base de photos satellites, puis les équipes se partagent le terrain pour procéder aux vérifications d’usage. Une méthode qui porte ses fruits : malheureusement, un très grand nombre de fuites a été repéré. Les équipes utilisent du matériel, des pompes notamment, destiné à récupérer la part « liquide » de la fuite. Une grande partie du pétrole mélangé à de l’eau doit être récupérée avant de commencer à nettoyer. Cette eau doit être ensuite récupérée par une entreprise spécialisée. Mais ce travail est constamment ralenti par la pression qu’exerce la principale compagnie pétrolière de la région, Lukoil.
Convaincre les autorités locales est un processus qui demande beaucoup de patience et de persévérance, afin de changer la loi et le comportement d’entreprises qui ont tous les droits et tous les pouvoirs. Il est donc primordial d’ouvrir puis d’entretenir le dialogue avec les autorités et les compagnies pétrolières.
Hier, une table ronde a été organisée avec certains membres du gouvernement, le partenaire local de Greenpeace « Save the Pechora Committee » et quelques représentants de la région des Khantys-Mansis (en Sibérie). Greenpeace et son partenaire voulaient poser sur la table de cette rencontre la nécessité de revoir les nombreuses failles juridiques sur la protection de l’environnement et de prendre des mesures quant à la responsabilité des entreprises pétrolières établies dans la région.
Et les choses ont bougé
Des représentants du gouvernement, de l’industrie pétrolière étaient présents, dont le ministre délégué à l’Environnement de la région des Komis et deux représentants de Lukoil. Les résultats de cette rencontre sont précieux pour notre campagne car l’administration locale des Komis reconnaît la nécessité d’intervenir et la validité des résultats du travail des équipes sur place et de leurs recommandations. Le dialogue est institué. Il reste donc du chemin à parcourir, mais la Oil Spill Patrol a fait ses preuves sur le terrain !
Ce n’est pas une bataille facile, mais la difficulté et la lenteur ne doivent jamais être une excuse pour renoncer.
Tant que subsiste une lueur d’espoir, nous devons poursuivre nos efforts. Sur l’océan Arctique, sur terre, auprès des compagnies pétrolières ou des marques partenaire.
Vous pouvez suivre la Oil Spill Patrol grâce aux billets de blog publiés par notre collègue belge, Estelle De Plaen, qui est sur place. Sur le site de Greenpeace Belgique.