Viva Italia !

Climat

 
Paris, le 13 juin 2011 – Selon les premières estimations, une écrasante majorité d’Italiens a rejeté l’utilisation de l’énergie nucléaire via un référendum organisé hier et aujourd’hui. A 18h, environ 20 000 bureaux de vote sur 61 599 avaient rendu leurs verdicts et le résultat est sans appel : 94,53 % de votes contre le retour du nucléaire.
 
« Après la Suisse et l’Allemagne, c’est maintenant l’Italie qui décide de se passer définitivement de l’atome. Quand la France va-t-elle sortir de sa posture ringarde et décider de se doter, elle aussi, d’un système énergétique moderne et sûr ? » , s’interroge Yannick Rousselet, chargé de campagne Nucléaire pour Greenpeace. »La mobilisation contre le nucléaire est forte partout en Europe. Le résultat de ce vote et les manifestations de samedi en sont de nouvelles preuves. En France aussi, les sondages montrent une opinion publique très majoritairement favorable à une sortie progressive du nucléaire. Il est temps que les responsables politiques français, et en particulier le gouvernement actuel, sortent de leur aveuglement et évoluent, pour que notre pays ne reste pas le has been de l’énergie. »
 
C’est la première fois depuis 1995 que le quorum est atteint en Italie pour ce type de référendum. C’est la deuxième fois que les Italiens disent non au nucléaire par un vote, ils l’avaient déjà fait en 1987, suite à la catastrophe de Tchernobyl.
 
Les frontières ne protègent pas du risque nucléaire
Trois pays frontaliers de la France viennent de décider de ne plus avoir recours à l’énergie nucléaire, la jugeant trop risquée pour leur population. Le territoire français compte 58 réacteurs nucléaires, dont certains sont situés tout près des frontières allemandes, italiennes et suisses.
 
« Les décisions de nos voisins européens vont fatalement poser des problèmes diplomatiques pour la France« , commente Yannick Rousselet. « En s’entêtant dans le choix du nucléaire, nos gouvernants font prendre des risques à toute l’Europe. Comme on a pu, malheureusement, le constater à Tchernobyl ou à Fukushima, lorsqu’un accident nucléaire se produit, la contamination est totalement incontrôlable et s’étend évidemment largement au-delà des frontières d’un pays. Aujourd’hui la question se pose pour nos voisins de savoir s’ils continuent d’accepter que la France leur fasse courir le risque nucléaire alors qu’eux-mêmes ont décidé de ne plus recourir à cette énergie trop risquée et trop chère. »
 
Une opinion publique française qui a évolué
Les sondages qui se multiplient vont dans le même sens et indiquent clairement qu’une majorité des Français est désormais favorable à une sortie progressive du nucléaire en France. Ainsi, selon une enquête Ifop parue dans le JDD le 12 juin, 77 % de la population souhaitent l’abandon de cette énergie. Et samedi dernier, pour commémorer les 3 mois de la catastrophe de Fukushima, des milliers de citoyens sont descendus dans la rue pour réclamer cette sortie du nucléaire.
 
Une classe politique française bloquée sur un choix datant des années 1950
A l’heure où la catastrophe de Fukushima fait la triste démonstration de la dangerosité du nucléaire, où les opinions publiques européennes prennent en main leur destin énergétique, que se passe-t-il en France ? Nos dirigeants s’entêtent et s’isolent. Pour le gouvernement et le chef de l’État, pas question de remettre en cause le choix du nucléaire datant des années 1950.
 
« Areva perd les plus gros marchés à l’étranger, la construction du réacteur EPR est une catastrophe industrielle – 4 ans de retards en Finlande et 2 ans en France – une catastrophe économique, avec un coût astronomique de 6 milliards d’euros, contre 3 milliards prévus au départ », analyse Yannick Rousselet. « Le gouvernement doit ouvrir les yeux sur la réalité du nucléaire, écouter son peuple et faire le choix de la modernité en abandonnant l’atome. »