Urgence nucléaire au Japon : 4 nouvelles questions à se poser

Paris, le 13 mars 2011 – 10h30 – Derniers rebondissements sur le front nucléaire au Japon : la situation du réacteur n°1 de Fukushima Daiichi (250 km au nord de Tokyo) n’est toujours pas stabilisée et l’inquiétude grandit sur le réacteur n°3. Alors des répliques sismiques sévères sont à craindre dans les prochains jours, au moins quatre questions nouvelles se posent aujourd’hui.

« La situation au Japon reste extrêmement critique et alarmante, alors que les responsables politiques français osent ergoter entre « catastrophe » et « accident » nucléaire… C’est parfaitement déplacé, voire indigne, vu les risques et les menacent qui pèsent toujours sur la population japonaise« , déclare Sophia Majnoni, en charge de la campagne Nucléaire pour Greenpeace France.

D’où vient le Césium ?

Les autorités japonaises refusent d’admettre que l’enceinte de confinement du réacteur n°1 de Fukushima Daiichi n’est plus étanche, alors qu’elles reconnaissent avoir trouvé des traces de Césium dans l’environnement. Le Césium est un métal issu de la dégradation de l’uranium qui se produit lors du fonctionnement d’un réacteur. Très volatile, c’est l’un des premiers composants à s’échapper en cas de fuite. Il se dégrade sous différentes formes, qui toutes se fixent rapidement et durablement dans les organismes et la végétation. Ainsi le Césium 137 perd la moitié de sa radioactivité en trente ans, et ne devient théoriquement inoffensif qu’au bout de trois siècles.

« On a retrouvé des traces de Césium dans l’environnement, ce qui est la preuve formelle que l’enceinte de confinement de l’un des réacteurs n’est plus étanche et le signe qu’une contamination durable a commencé« , explique Sophia Majnoni.

Refroidir avec de l’eau de mer, une bonne idée ?

Une question que personne ne se pose… Dans l’urgence, les Japonais utilisent de l’eau de mer pour refroidir les réacteurs en surchauffe. Or, en s’évaporant, cette eau dépose du sel, qui risque donc de se concentrer sous forme d’une croûte et d’empêcher l’eau de refroidissement de continuer à circuler. Reste à savoir à quel moment ce phénomène va se produire : une fois que le réacteur sera refroidi ou non.

Que se passe-t-il du côté du réacteur n°3 ?

Le réacteur n°3 connaît aussi des problèmes de refroidissement. Plus puissant que le réacteur n°1, il fonctionne avec du Mox, qui est un combustible composé de 6 à 7 % de plutonium, l’un des radiotoxiques les plus puissants qui existent.

Un réacteur carburant au Mox pose donc un double problème : il a un point de fusion beaucoup plus bas et, si une fuite survient, le potentiel de rejets radioactifs est le double.
Les réacteurs EPR d’Areva sont conçus pour utiliser jusqu’à 100 % de Mox. Et ce sont ces EPR que la France tente d’exporter, notamment en Inde, à Jaitapur, une région traversée par trois failles tectoniques et pouvant subir des séismes d’une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter.

Le nucléaire est-il donc toujours aussi sûr qu’on le dit ?

« On nous a expliqué que la catastrophe de Tchernobyl, survenue il y a vingt-cinq ans, s’est produite à cause des insuffisantes normes de sûreté des centrales soviétiques. Mais on voit qu’aujourd’hui, le Japon, pays au nucléaire réputé très sûr, connaît un risque nucléaire très élevé. Cela devrait inciter tous les pays nucléarisés à revoir leur position« , note Sophia Majnoni. « Quant aux pays qui fabriquent et vendent cette technologie, comme la France, peuvent-ils continuer à promouvoir cette énergie comme étant sans risque, en particulier auprès de pays en développement aux normes de sûreté très discutables. »