Un iceberg sur la Seine : Greenpeace lance un ultimatum à Nicolas Sarkozy
© Pierre Gleizes / Greenpeace
A la veille du Sommet du G8, un iceberg « grandeur nature » (16 mètres de hauteur sur une base de 12 mètres sur 22 mètres) dérive sur la Seine près du pont d’Iena, à deux pas de la tour Eiffel. Greenpeace matérialise un des impacts du dérèglement climatique dans un lieu inattendu, en plein cœur de Paris. Des plongeurs de Greenpeace ont affiché des messages très clairs à l’adresse du Président Français et de ses homologues du G8. On pouvait lire au pied de l’Iceberg « Sarkozy : climat recherche leader » (Sarkozy : climate leadership now !) ou encore « G8 : Climat recherche leader » (G8 : climate leadership now !).Une manière d’interpeler Nicolas Sarkozy, qui se réunit demain avec ses homologues pour le Sommet des 8 pays les plus riches et les plus pollueurs à l’échelle de la planète. A moins de six mois du Sommet de Copenhague, ils doivent enfin prendre la tête du combat contre les changements climatiques à travers des engagements concrets et ambitieux. Cette œuvre d’art monumentale de 16 mètres de hauteur est là pour leur rappeler l’ultimatum climatique qui nous est lancé.
Greenpeace et 10 ONG écologistes, humanitaires ou de défense des droits de l’homme, a lancé un appel au Président de la République. L’objectif est d’1 million de signatures :
Signez l’appel : www.copenhague-2009.com
« Nicolas Sarkozy, qui multiplie les discours incantatoires et se targue d’être le champion de la lutte contre le dérèglement climatique, n’a toujours pas fait la preuve de sa volonté politique à faire face à la crise climatique », déplore Pascal Husting, directeur de Greenpeace France. « Pourtant, face à l’incapacité actuelle de Barack Obama à mettre le monde sur la voie d’un accord qui limitera l’augmentation des températures en deçà de 2°C, l’Europe peut et doit prendre la tête du combat contre la crise climatique ».
Pour l’heure, l’Union européenne reste sur la ligne de touche quand s’affrontent d’un côté, les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Russie et le Japon, qui refusent de prendre des engagements ambitieux pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (-4% pour les Etats-Unis, -8% pour le Japon, quand les données scientifiques publiées ces deux dernières années appellent à une réduction d’au moins 40% d’ici à 2020) ; et de l’autre les pays en développement, première victimes et derniers responsables du dérèglement climatique, et surtout peu armés pour y faire face. « Les pays en développement attendent vainement un signal clair des pays industrialisés. Un signal de leur volonté de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, et de leur capacité à soutenir les pays les plus vulnérables pour faire face à la crise climatique. La discussion sur le soutien financier est entamée depuis des mois, mais les pays riches ont été jusqu’alors incapables de répondre à cet appel », constate Karine Gavand, chargée de campagne climat à Greenpeace France.
Or, malgré des déclarations tonitruantes, la France est parmi les pays qui bloquent toute avancée concrète sur cette question centrale pour le succès des négociations de Copenhague, à l’inverse de son voisin britannique. Le « Traité idéal » du gouvernement français, dévoilé le 26 juin dernier ne contient aucune réponse sur la question financière. Quelques jours à peine après la publication du mémorandum français, le Premier ministre britannique a évalué dans un discours sur le climat à 60 milliards d’euros les besoins annuels pour soutenir l’adaptation et la réduction des émissions dans les pays en développement, d’ici à 2020. « Gordon Brown a été le premier leader du leader du G8 à chiffrer concrètement les besoins des pays en développement pour faire face à la crise climatique. En parlant de milliards et non de millions, il a lancé un signal fort à la communauté internationale. Nicolas Sarkozy saura t’il saisir cette opportunité et placer l’Europe à la tête du combat contre les changements climatiques en soutenant avec force cette initiative lors du Sommet de l’Aquila ? C’est la question que nous lui posons aujourd’hui », conclut Karine Gavand.