Total refuse le dépôt d’une résolution sur les risques liés à l’exploitation des sables bitumineux : Phitrust, Greenpeace et le NRDC s’interrogent

Climat

Phitrust, Greenpeace et le NRDC reviennent sur les annonces à rebondissement du vendredi 25 mars sur le dépôt d’une résolution sur l’extraction des sables bitumineux à l’Assemblée générale 2011 de la société Total.

Refus du dépôt de résolution par Total : un feuilleton à rebondissement

Le 17 mars dernier, date butoir pour déposer la résolution, de grands actionnaires européens de Total réunissaient 0,93% du capital de la société – le minimum requis par le législateur étant de 0,5% – pour déposer une résolution sur un sujet environnemental : une première en France. Total avait alors 5 jours pour confirmer que la compagnie inscrive la résolution à l’ordre du jour de sa prochaine Assemblée Générale du 13 mai 2011.
Premier rebondissement : le 23 mars, un actionnaire important se retire, ce qui ramène le nombre de titres déposés à 0,68% du capital. Le jeudi 24 mars, Phitrust reçoit une lettre du Président du Conseil d’administration de Total, annonçant la présentation du projet au Conseil, signifiant par là que le capital nécessaire est réuni. Le vendredi 25 mars dans l’après-midi, Greenpeace, Phitrust et NRDC annoncent par voie de presse que la résolution sera donc soumise au vote de l’Assemblée générale. Deuxième rebondissement : un deuxième actionnaire important se désiste et Total annonce en fin de journée que la résolution ne pourra être soumise au vote.

« C’est la première fois que nous voyons des actionnaires se désister après le dépôt de leur attestation de détention de titres ! Et ce même après que Total nous ait envoyé l’accusé de réception », explique Luis de Lozada de Phitrust.

La résolution avait pour objectif que le Conseil d’Administration de Total communique chaque année, dans son rapport de gestion, sur les risques environnementaux et sociaux liés à l’exploitation des sables bitumineux. Les actionnaires de Total disposeraient d’une analyse complète sur ces activités représentant des montants investis substantiels (11 à 14,5 milliards d’euros dans les 10 à 15 ans qui viennent).

« Que s’est-il passé entre le 17 et 24 mars pour que deux actionnaires ayant fait la démarche de déposer la résolution, se retirent après-coup du processus ? Il ne s’agissait pourtant que d’une résolution visant à plus de transparence… Total a-t-il si peur d’un débat en son sein sur le choix de ses investissements qu’il aurait passé quelques coups de fils aux actionnaires concernés? » s’interroge Anne Valette, chargée de campagne Climat à Greenpeace.

Les sables bitumineux, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’un mélange très visqueux de sable, d’argile, d’eau et d’huile extra-lourde. Processus long et très coûteux, ce processus nécessite d’énormes ressources en eau, conduit à la destruction de la forêt boréale et à la pollution des eaux et des sols, et peut rejeter jusqu’à 4,5 fois plus de gaz à effet de serre que l’extraction de pétrole conventionnel.
Voir la fiche technique des sables bitumineux

Des risques importants et mal pris en compte

Le secteur des sables bitumineux est aujourd’hui confronté à des incertitudes stratégiques :

– des risques environnementaux et sociaux liés au processus d’extraction alors même que se renforcent les règlementations visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, la déforestation, la pollution de l’eau, l’impact social sur les populations, etc.

– des risques liés au marché et notamment à la demande alors même qu’aux USA de nombreux acteurs refusent d’acheter du pétrole extrait des sables bitumineux.