Thon rouge : Greenpeace dénonce le hold-up des autorités turques et la multiplication des débarquements illégaux

Océans

« En s’affranchissant ainsi des quotas, la Turquie va tout simplement précipiter la disparition d’un stock et d’une pêcherie déjà en sursis » a déclaré Banu Dokmecibasi, chargé de campagne Océan pour Greenpeace Méditerranée.

Le lendemain de cette annonce, le 30 avril, Greenpeace a documenté un débarquement illégal de 7 à 8 tonnes de thon rouge à Izmir-Karaburun. Le  Yasar Reis II, un senneur ne disposant ni de la licence ICCAT ni de la licence turque, a débarqué entre 400 à 500 thons rouges. De plus, les thons pêchés étaient des juvéniles de 12 à 20 kilos alors que le poids minimum pour ce type de bateau est fixé à 30 kilos. Le 3 mai, des juvéniles ont aussi été débarqués de l‘Aktaslar C dans le même port… La flottille turque présente la particularité d’utiliser un équipement technique polyvalent qui ne lui permet de cibler que des petits spécimens.

Les médias turcs et italiens ont également recensés des débarquements en sous taille dans différents ports. Opérés sur plusieurs sites turcs situés sur le rivage de la Mer Egée, ils s’effectuent sans aucun contrôle. Cette situation ne fait qu’aggraver l’état déjà critique du stock du thon rouge. Le débarquement illégal que Greenpeace a documenté à Karaburun n’est donc qu’un triste exemple de ce qui se passe quotidiennement dans plusieurs ports de la mer Egée dotés de flottilles similaires.

D’autres débarquements sous taille, effectués en Italie, ont quant à eux donné lieu à des saisies opérées par les autorités : une tonne de thon rouge sous taille à Messine le 28 avril et 15 tonnes non inscrites sur les documents de capture le 8 mai à Brindisi.

Depuis 2006, la communauté scientifique s’alarme, sur l’état très préoccupant du stock de thon rouge et préconise de limiter les captures à 15 000 tonnes par an et de protéger les zones de reproduction pendant la période de ponte. En dépit de ces recommandations, les flottes industrielles continuent à cibler ces zones et le total des captures a été évalué à 32 500 tonnes en 2007 par le comité scientifique de l’ICCAT, soit deux fois la préconisation scientifique.

Cette année, un nouveau « plan de reconstitution » permettra de pêcher un tonnage encore supérieur de 47% à la préconisation scientifique, un chiffre qui relativise fortement l’éventuelle efficacité de ce plan.

« Ce pseudo-plan de reconstitution n’est en réalité qu’un pacte de suicide collectif au détriment d’une ressource et d’une pêcherie historique » affirme François Chartier avant d’ajouter « la Turquie et tous les autres pays pêcheurs, y compris ceux qui sont membres de l’Union Européenne doivent immédiatement quitter les zones de pêche et n’y revenir que lorsque la parole scientifique sera reconnue comme valable dans la gestion de la pêcherie. »

L’avenir du stock du thon rouge est très clairement compromis. Le stock ne peut s’inscrire que sur le court terme tant que les capacités de captures ne sont pas compatibles avec les recommandations scientifiques et que des réserves marines ne sont pas instituées pour protéger les zones de reproduction.

Pour plus d’informations :

Mais où est passé le thon rouge de Méditerrané ? Rapport Greenpeace sur l’effondrement du stock de thon rouge de méditerranée (2006)

Rapport du comité scientifique de l’ICCAT
http://www.iccat.int/Documents/SCRS/ExecSum/BFT_EN.pdf

Le plan de Marrakech (Novembre 2009)
http://www.iccat.int/Documents/Recs/compendiopdf-e/2008-05-e.pdf

Sur les débarquements illégaux recensés dans la presse italienne et turque :
http://www.agi.it/food/notizie/200904281511-eco-rt11216-pesca_sequestrati_9_quintali_tonno_fuori_misura_a_messina

http://www.ntvmsnbc.com/id/24954934/