Stratégie énergétique de la France : le climat et l’action à court terme sont aux abonnés absents

Nucléaire

Le gouvernement devrait soumettre à partir d’aujourd’hui à la consultation publique la stratégie française pour l’énergie et le climat et dévoiler les données chiffrées qui figureront dans le volet programmatique de la loi sur la production d’énergie et le décret sur la programmation pluriannuelle de l’énergie. Greenpeace France déplore une feuille de route et des objectifs bien trop insuffisants pour permettre à la France de respecter l’Accord de Paris et de s’aligner avec une trajectoire + 1.5 °C. 

« Quel est l’objectif climatique sur lequel repose la stratégie énergie et climat du gouvernement ? 1.5 °C ? 2 °C ? Alors que la feuille de route énergétique de la France devrait s’appuyer sur une trajectoire climatique claire à atteindre, ces éléments sont absents du document publié aujourd’hui et le gouvernement vise le minimum syndical », déclare Nicolas Nace, chargé de campagne Transition énergétique à Greenpeace France. « En passant sous silence les objectifs de l’Accord de Paris et en s’appuyant sur des seuils minimum fixés par l’Union Européenne, ce document semble entériner l’abandon par la France des objectifs qu’elle s’était fixés. »

Derrière les beaux efforts de communication du gouvernement se cache dans cette publication une réalité bien moins reluisante : le plan du gouvernement échoue à atteindre la plupart des objectifs fixés pour 2030 – alors même que ceux-ci étaient déjà insuffisants. Cela concerne tant la réduction de la consommation énergétique (1371 TWh d’énergie finale prévue en 2030 contre un objectif fixé par l’UE de 1209 TWh) que la proportion d’énergie renouvelable (l’objectif européen de 42,5 % de renouvelables dans l’énergie finale est tout simplement absent du document) ou la baisse de 55 % des émissions nettes. 

Le gouvernement persiste et signe : la réduction rapide des émissions n’est pas son objectif prioritaire. En témoignent les faibles niveaux d’ambition sur les énergies renouvelables, en particulier sur le photovoltaïque (avec un objectif haut de 7 GW par an en 2030 alors que plusieurs voisins européens en font déjà davantage aujourd’hui) et encore plus sur l’éolien terrestre (avec une volonté de simplement maintenir le rythme de développement actuel dérisoire). Un constat similaire peut être fait concernant l’efficacité énergétique et la rénovation des logements avec la création de la « rénovation d’ampleur » qui, à la différence de ce que permettrait une rénovation performante, ne permettra pas d’atteindre les objectifs climatiques 2030 et 2050 ni de sortir au plus vite les 12 millions de personnes vivant dans des logements passoires de la précarité énergétique. La sobriété est quant à elle affichée comme un des quatre piliers de la stratégie du gouvernement. Pourtant, au-delà de ce bel affichage, aucune véritable ambition n’est présentée, notamment en ce qui concerne les questions de mobilité (réduction du nombre de véhicules et de leur poids, diminution du trafic aérien…).

« Une fois de plus, le gouvernement dissimule derrière de beaux discours l’absence de véritables mesures pour sortir des fossiles. La trajectoire de sortie des différentes énergies fossiles est bien trop lente et insuffisamment détaillée : aucune date de sortie du pétrole ni du gaz fossile n’est annoncée, tandis que les objectifs de baisse des fossiles pour 2030 sont hors des clous pour une trajectoire 1,5 °C et que la neutralité carbone est repoussée à 2050.

Au quotidien, Emmanuel Macron illustre son soutien aux infrastructures fossiles, que ce soit en autorisant un terminal méthanier flottant au Havre ou en laissant la porte ouverte à huit nouveaux forages pétroliers en Gironde et en soutenant les bombes climatiques de TotalEnergies à l’étranger », ajoute Edina Ifticene, chargée de campagne énergies fossiles à Greenpeace France.

Emmanuel Macron illustre dans cet exercice les limites de son « écologie à la française » vantée lors du Conseil de planification écologique en septembre 2023. S’il se caractérise par son incapacité à faire preuve d’ambition concernant les leviers de court terme pourtant indispensables afin de rester dans l’accord de Paris, le gouvernement persiste dans la procrastination climatique en priorisant coûte que coûte une hypothétique relance de l’atome alors que les nouveaux réacteurs promis par Emmanuel Macron – s’ils sont construits un jour – ne seront pas mis en service avant 2037 au mieux, bien trop tard pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre au rythme nécessaire. 

Greenpeace France présentera dans les prochaines semaines une contribution en réponse à cette consultation pour préciser le manque d’ambition de la France. Une attention particulière sera portée sur les énergies renouvelables électriques et une proposition alternative sera détaillée.