SIA 2024 : Emmanuel Macron, un président à rebours de la souffrance du monde agricole
L’inauguration du Salon de l’Agriculture reflète la gestion de la crise agricole par le gouvernement, révélant une déconnexion flagrante entre le Président Emmanuel Macron et la détresse des agriculteurs et agricultrices. Préférant l’apparat et la rhétorique, via notamment la proposition ubuesque d’un grand débat, à l’établissement d’une stratégie claire pour répondre aux préoccupations du secteur, le gouvernement demeure sous l’emprise de la FNSEA et de sa vision ultra-intensive de l’agriculture (1). Depuis le début de la crise, il a ainsi ignoré les besoins cruciaux en matière de revenus et de lutte contre la pauvreté et est passé à côté de l’enjeu prioritaire de la chute massive du nombre de paysans.
Lors de sa visite au Salon, Emmanuel Macron a finalement annoncé la mise en place de prix plancher, basés sur les coûts de production. « Pourquoi tant d’atermoiements avant d’envisager cette proposition, défendue depuis des années par les agriculteurs et la société civile ? », s’interroge Sandy Olivar Calvo, chargée de campagne agriculture chez Greenpeace France. « Si cette mesure est effectivement mise en œuvre, elle représente une avancée significative pour améliorer les revenus agricoles et lutter contre la précarisation ». Cependant, une vigilance accrue s’impose face à ce gouvernement habitué aux annonces sans lendemain, pour s’assurer de la mise en œuvre concrète de cette mesure.
Concernant les reculs environnementaux, tels que ceux annoncés dans le refus de réduire l’usage des pesticides, il est évident que ces mesures régressives n’ont en rien apaisé la colère des agriculteurs. Greenpeace exige du gouvernement qu’il revienne sur l’ensemble de ces reculs historiques, qui non seulement portent atteinte à l’environnement, mais contribuent également à la paupérisation continue du monde agricole, alimentant ainsi un cycle de souffrance et de colère. Il est impératif de mettre fin à cette spirale néfaste pour l’environnement et pour le bien-être des agriculteurs eux-mêmes.
Enfin, Greenpeace réaffirme la nécessité de mettre en œuvre la transition agro-écologique, avec un cap politique clair et ambitieux pour permettre aux agriculteurs et agricultrices de se projeter vers l’avenir. Aujourd’hui, la vision de l’agriculture proposée par le gouvernement et la FNSEA inscrit le secteur dans un objectif de compétitivité à l’international. Mais cette compétitivité à un coup : celui de la chute massive du nombre d’exploitations et d’emplois agricoles (2). A contrario de ce modèle, la transformation de notre système agricole vers l’agro-écologie permettra d’installer des paysans nombreux et bien rémunérés sur nos territoires. Pour résoudre structurellement la crise, c’est le cap que nous devons prendre.
Les demandes de Greenpeace France:
– La mise en place effective de prix plancher, via une loi contraignante et effective pour améliorer le revenu agricole. Cela est indispensable et doit se faire en complément de l’application stricte de la loi EGALIM.
– L’encadrement strict des marges des transformateurs et des distributeurs, notamment de la grande distribution ou des transformateurs / industriels, pour une meilleure répartition de la valeur dans les filières alimentaires.
– L’instauration de prix minimum d’entrée des produits importés, fixés au niveau des prix de revient, pour faire face aux importations déloyales tant sur le plan social qu’environnemental.
– La fin des accords de libre-échange qui mettent en concurrence les agricultrices et les agriculteurs de l’Europe et du monde entier, aggravent leur paupérisation et accentuent la crise climatique et environnementale.
– La réforme de la Politique Agricole Commune qui doit être drastiquement réformée afin de flécher l’argent public en priorité vers les agriculteurs les plus vulnérables, les exploitations d’agriculture biologique et l’accompagnement à la transition agroécologique.
1) Greenpeace France a dénoncé cette semaine le rôle du syndicat qui incarne le système agroindustriel actuel et est en partie responsable de la crise sociale et environnementale qui touche aujourd’hui ce secteur.
2) Entre 2010 et 2020, 100 000 fermes et 80 000 emplois agricoles salariés ont disparu (données recensement agricole 2020).