Sellafield fermée, la France un peu plus isolée
Paris, le 3 août 2011 – Les autorités britanniques ont annoncé cet après-midi la fermeture de l’usine de combustible nucléaire Mox de Sellafield (nord-ouest de l’Angleterre). Cette décision est une conséquence de la catastrophe de Fukushima qui prive la filière nucléaire anglaise de son seul véritable client : le Japon.
« Cette fermeture est un nouveau très mauvais signal pour l’industrie de l’atome, commente Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace. Après la fermeture de l’usine de Mox de Dessel en Belgique, cette décision signifie que dans le monde seul la France va continuer à produire du Mox de manière industrielle. C’est le mythe du nucléaire recyclable qui s’effondre un peu plus. La décision des Britanniques va dans le sens de l’histoire : l’énergie nucléaire décline. Nos dirigeant doivent eux aussi se rendre compte qu’il est urgent de se tourner vers l’avenir non seulement en arrêtant de fabriquer du Mox mais aussi et surtout en sortant du nucléaire au profit d’un modèle énergétique sûr et renouvelable. »
Le Mox, un combustible dangereux en cause à Fukushima
Le Mox, est un combustible issu du retraitement des déchets nucléaires. Il se compose notamment de 6 à 7 % de plutonium, l’un des radiotoxiques les plus puissants qui existent. Un réacteur carburant au Mox pose un double problème en cas d’accident : il a un point de fusion beaucoup plus bas et, si une fuite survient, le potentiel de rejets radioactifs est le double.
Le réacteur n°3 de la centrale de Fukushima Daiichi était chargé avec du Mox au moment de la catastrophe du 11 mars.
« Les autorités japonaises et françaises ont reconnu que c’est le réacteur « moxé » qui posait le plus de problème à Fukushima, explique Yannick Rousselet. Ce combustible est un multiplicateur de risques de sa conception à son utilisation dû principalement au fait qu’il impose une manipulation de plutonium, élément principal de la bombe atomique. Les Britanniques ont compris que le Japon n’utiliserait plus ce combustible alors que la France continue de nier l’évidence et espère toujours vendre du Mox aux nippons en ne tirant ainsi aucune leçon de Fukushima. »
En ce moment même une cargaison de Mox est entreposée dans l’usine Areva de La Hague (Manche) en attente de départ pour le Japon.
Le Mox est synonyme de danger permanent
En France, la fabrication de ce combustible fait courir de nombreux risques à la population. Elle impose notamment des transports réguliers de matières dangereuses.
Des déchets nucléaires sont acheminés d’un peu partout en France vers l’usine de La Hague. Une fois qu’Areva en a extrait le plutonium, celui-ci traverse pratiquement toute la France par la route pour aller à Marcoule (Gard) dans l’usine de Melox où les assemblages de Mox sont fabriqués. Par la suite une partie est envoyée dans les vingt-deux réacteurs français ayant l’autorisation de carburer au Mox et une autre partie est renvoyée à l’usine de La Hague pour conditionnement avant exportation.
« A cause du Mox nous avons du plutonium qui se balade en permanence sur les routes françaises créant ainsi d’énormes risques pour les populations en cas d’accident ou même d’attentats terroristes. Il est temps que cela cesse. La catastrophe japonaise nous a malheureusement montré qu’il était impossible de tout prévoir, la seule attitude acceptable aujourd’hui est de fermer la filière du retraitement et du Mox et de sortir du nucléaire. En s’entêtant dans des choix industriels datant de plus 30 ans, nos dirigeants n’assurent pas la sécurité des Français et font perdre beaucoup de temps à la France par rapport à nos voisins européens qui s’orientent, pour la plupart, vers l’avenir : l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. » conclut Yannick Rousselet.