Sauvegarde du thon rouge : Sarkozy l’avait promis, Obama le fait

Océans

Paris, le 16 octobre 2009 – Greenpeace se félicite de voir que les États-Unis ont annoncé hier leur soutien à la proposition de la principauté de Monaco visant à d’interdire le commerce international du thon rouge, en classant à classer cette espèce menacée à l’annexe I de la Cites.

« Aujourd’hui la principauté de Monaco, qui a tenu bon et maintenu sa proposition en dépits des pressions, doit se sentir moins seule avec le soutien des États-Unis, déclare François Chartier, chargé de la campagne Océans de Greenpeace France. Après avoir longuement hésité, le gouvernement américain a finalement fait le bon choix. Le président Sarkozy avait fermement déclaré qu’il tiendrait ses engagements, mais c‘est l’administration Obama qui s’en est chargé. »

La France saborde une dynamique qu’elle a elle-même impulsée !

Le 16 juillet, le président de la République Nicolas Sarkozy avait déclaré qu’il était favorable au « classement du thon rouge en annexe de la Cites en vue de l’interdiction du commerce », suivi par d’autres pays européens durant l’été, puis par la Commission européenne. Mais courant septembre cet élan en faveur de la protection de cette espèce emblématique de la Méditerranée s’est brisé.

En effet, la France a fait marche arrière en annonçant qu’elle ne soutenait pas l’annexe I mais l’annexe II, qui ne permet pas l’interdiction du commerce international. Faisant bloc avec les autres États membres de l’UE qui pratiquent la pêche au thon rouge (Italie, Espagne, Malte), la France s’est ensuite carrément opposée à la proposition de Monaco. Cédant à la pression des pays impliqués dans l’industrie thonière, la Commission européenne a finalement renoncé à soutenir la proposition de Monaco.

Les États-Unis, nouveaux champions de la sauvegarde du thon rouge ?

Non seulement l’administration Obama a confirmé qu’elle soutenait le classement du thon rouge à l’annexe I de la Cites, mais les Etats-Unis ont aussi affirmé qu’ils attendaient que soient prises des mesures fortes pour la protection de cette espèce menacée lors de la prochaine réunion de l’Iccat, la Commission internationale chargée de gérer la pêche au thon rouge, qui se réuni dans trois semaines au Brésil.

Si aujourd’hui le stock de thon rouge de Méditerranée et d’Atlantique est au bord de l’effondrement c‘est très largement du fait de l’incapacité de l’Iccat à mettre en place une gestion durable de cette espèce, ne privilégiant que les intérêts à court terme des thoniers. La faillite de cette Commission a très largement été dénoncée ces dernières années et sa gestion a même été qualifiée l’année dernière de « honte internationale » par un panel d’experts indépendants.

« En dénonçant le statu quo permanent et en appelant au respect des recommandations scientifique en matière de quotas et à la fermeture de la pêche pendant la période de reproduction, les États-Unis vont dans le bon sens et la France ferait bien de suivre cet exemple en ralliant la proposition de Monaco, reprend François Chartier. Mais il faudra aller plus loin : seule une fermeture de la pêcherie pendant au moins deux ans, la réduction de la surcapacité et la création de réserves marines sur les zones de reproduction du thon rouge en Méditerranée permettront de sauver cette espèce d’une disparition annoncée. »