Sarkozy/Fillon : par quel miracle la saison 3 serait-elle plus écolo ?

Paris, le 14 novembre 2010 – Depuis l’organisation du Grenelle de l’environnement, fin 2007, le tandem Sarkozy/Fillon n’a eu de cesse de revenir sur les promesses et les engagements en matière d’environnement. Et tout porte à croire que « Sarkozy/Fillon saison 3 » sera encore moins écolo que le précédent gouvernement.

« Tout cela ressemble aux séries télé : on est excité et plein d’espoir pendant la saison 1. Durant la saison 2, déception, il ne se passe plus grand chose. Alors la saison 3, on n’y croit plus, déclare Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France. Nicolas Sarkozy s’est un temps servi de l’écologie en s’appuyant sur Jean-Louis Borloo. Puis, la même équipe s’est employée à complètement détricoter le Grenelle. Aujourd’hui, Jean-Louis Borloo part, Nathalie Kosciusko-Morizet revient, mais on ne voit pas bien pourquoi les choses s’arrangeraient. C’est comme si tout était à refaire. Et d’ailleurs, la seule chose qui nous retienne de proposer au « nouveau » gouvernement d’organiser… un Grenelle de l’environnement, c’est que l’expérience a déjà été tentée, avec, au bout du compte, très peu de résultats ! »

Le démantèlement du « grand » ministère

Plus que les personnes, c’est d’abord le périmètre diminué du ministère de l’Écologie qui inquiète. Disparu, le grand ministère dessiné par le candidat Sarkozy et mis en place en 2007. Exit la Mer et surtout l’Énergie, qui se trouve placée au sein du ministère de l’Industrie, et donc sous la coupe de Bercy, où elle va redevenir une variable d’ajustement de politiques productivistes.

« On sait à quel point Christine Lagarde, ministre de l’Économie pour la deuxième fois, a toujours été extrêmement hostile à la dynamique du Grenelle de l’environnement et aux décisions qui ont été prises dans la foulée, déclare Pascal Husting. Que l’Énergie échappe à l’Écologie pour rejoindre le giron de Bercy est très inquiétant concernant la capacité de la France à tenir ses objectifs de réductions de ses émissions de gaz à effet de serre et de développement des renouvelables. »

Le retour de NKM…

« Nathalie Kosciusko-Morizet hérite d’un ministère diminué et rétrogradé dans la hiérarchie gouvernementale, estime Pascal Husting. La nomination d’une telle personnalité ne saurait faire oublier ce périmètre rétréci. On ne peut qu’être sceptique sur la marge de manœuvre dont disposera Nathalie Kosciusko-Morizet, là où Jean-Louis Borloo a eu les coudées franches. »

… et des anti-écolos !

En matière d’environnement, le seul maintien de François Fillon suffit à donner… le ton. Le Premier ministre a entre autres œuvré pour délaver les engagements du Grenelle et pour faire capoter la taxe climat-énergie. Tout récemment, c’est lui encore qui a tranché concernant le thon rouge. En amont de la réunion de l’Iccat, l’organisme international censé gérer cette pêcherie (prévue à Paris du 17au 27 novembre), François Fillon a arbitré en faveur d’un quota de pêche de 13 500 tonnes de thon rouge pour l’année prochaine. Un chiffre qui, d’après les scientifiques, ne laisse que 30 % de chance de survie d’ici à 2020 à cette espèce menacée.

D’autres personnalités violemment anti-écolos rejoignent le gouvernement, comme Patrick Ollier, connu pour ses sorties anti-éoliennes et sa ferveur pro-nucléaire. Bruno Le Maire est maintenu à l’Agriculture, ce dont se félicitent déjà la FNSEA et les pêcheurs industriels de thon rouge. Quant à Thierry Mariani aux Transports ou Éric Besson à l’Énergie/Industrie, difficile d’en attendre beaucoup d’initiative en matière d’écologie, tant ces hommes se sont jusqu’à présent illustrés comme étant tout dévoués à Nicolas Sarkozy.