Résultats annuels d’EDF : des chiffres plus mauvais que jamais

Nucléaire

L’avenir s’assombrit (encore) pour le nucléaire

Demain, Jean-Bernard Levy présentera les comptes annuels d’EDF pour l’année 2017. Demain, comme les années précédentes, le PDG tentera de camoufler le bilan catastrophique de son entreprise avec des paroles rassurantes.

Pour Greenpeace France, le constat est pourtant sans appel : les résultats d’EDF n’ont jamais été aussi mauvais.

Free cash flow négatif pour la 11ème année consécutive, résultat opérationnel en nette baisse, endettement insoutenable, perte de parts de marché… Malgré le soutien de l’Etat à travers les augmentations de capital successives, tous les indicateurs sont au rouge cette année et posent de nouveau la question de la solvabilité d’EDF.

« La méthode Coué de Jean-Bernard Levy ne suffira pas à contredire les faits, les chiffres ne mentent pas. Comme l’année dernière, et les années précédentes, la santé financière d’EDF continue de se dégrader. Il va devenir de plus en plus difficile pour l’entreprise de faire face à ses engagements, notamment le développement des énergies renouvelables, le grand carénage des réacteurs ou encore la construction des deux réacteurs à Hinkley Point », analyse Florence de Bonnafos, chargée de campagne Finances pour Greenpeace France.

L’entreprise navigue à vue : en 18 mois, EDF a revu huit fois à la baisse ses prévisions financières. EDF est de plus en plus en difficulté pour rembourser ses emprunts obligataires (environ 4 Mds€ d’ici un an et près de 14 Mds€ sur les quatre prochaines années), et pour réaliser les investissements indispensables à la sécurité et la sûreté d’un parc nucléaire français vieillissant.

« L’avenir d’EDF s’assombrit : la production d’électricité nucléaire n’a jamais été aussi faible, et les indisponibilités de réacteurs, prévues ou non, se multiplient. Avec des coûts de production croissants, la rentabilité de la filière française se dégrade inexorablement. Et EDF ne pourra pas compter sur un marché international qui se rétracte, souligne Alix Mazounie, chargée de campagne pour Greenpeace France. Tout cela va peser de plus en plus sur les comptes d’EDF. Le ‘paquebot’ du nucléaire prend l’eau. Il faut de toute urgence changer de cap ».

Notes aux rédactions

  • Le ratio dette nette/EBITDA (2,5x) n’a jamais été aussi mauvais. EDF prévoit une nouvelle détérioration en 2018 (supérieure à 2,7x). Si on intègre les TSDI (obligations hybrides-10095M€), le ratio dépasse largement le seuil de 3x. Rappelons que ce ratio permet aux agences de notation de mesurer la capacité d’une entreprise à rembourser sa dette: en l’état, la solvabilité d’EDF se dégrade.
  • Pour rappel, la dette brute a presque triplé en 10 ans: de 28 milliards en 2006 à 75 milliards en 2016. Les emprunts obligataires représentent â…” de la dette.
  • Le 27 octobre 2017, EDF annonçait que l’EBITDA du groupe serait en baisse d’au moins 15% par rapport à 2016. C’est une baisse record : il faut remonter à 2006 pour avoir un EBITDA inférieur à 14 milliards d’euros.
  • La production d’électricité nucléaire a diminué de 9 % entre 2015 (416,8 TWh) et 2017 (379,1 TWh).
  • Greenpeace alertait déjà sur la santé financière d’EDF fin 2016 à l’occasion de la publication d’une étude du cabinet d’analyse financière d’AlphaValue “EDF asphyxié par le nucléaire”, et lors des présentations des résultats financiers en février et mai 2017 :
    https://www.greenpeace.fr/edf-asphyxiee-nucleaire