Récif de l’Amazone : Total mise sur Bolsonaro pour relancer ses projets de forages au large du Brésil
En toute discrétion, et malgré une mobilisation mondiale contre ce projet, le pétrolier Total relance le processus d’acquisition des licences environnementales pour forer près du Récif de l’Amazone, un écosystème unique et vulnérable, encore méconnu (1). Cette information a été rapportée par le média de référence brésilien epbr, sans communication de la part de Total. L’agence environnementale brésilienne Ibama avait pourtant rejeté ce projet en décembre 2018, en raison d’un trop grand nombre de problèmes techniques et de risques environnementaux, notamment un manque de garanties apportées par le pétrolier en cas d’accident ou de marée noire, s’inquiétant des risques pour le Récif de l’Amazone et la biodiversité marine. Cette marée noire aurait de plus un impact direct sur les côtes françaises de Guyane.
Le pétrolier décide donc de passer outre et de relancer son projet climaticide, dans un contexte qui lui est dangereusement favorable ; le Brésil est désormais dirigé par Jair Bolsonaro, président d’extrême-droite, climato-sceptique notoire qui a, entre autres, grandement affaibli les mandats et l’autorité de l’agence environnementale Ibama, et allégé le processus d’acquisition des licences environnementales. Cette annonce est d’autant plus sinistre que le Brésil est toujours fortement impacté par une marée noire qui a ravagé le nord du pays l’an dernier.
“L’obstination de Total pour ce projet ne fait que confirmer le cynisme de cette entreprise et de son PDG, Patrick Pouyanné, déclare Edina Ifticène, chargée de campagne pétrole chez Greenpeace France. D’un côté, Total communique à tout-va avec des annonces soi-disant en faveur du climat et des investissements en réalité minoritaires dans les énergies renouvelables ; de l’autre, Total cherche à tirer profit de la complaisance de dirigeants climato-sceptiques pour relancer en catimini des projets climaticides et destructeurs pour la biodiversité, comme celui à proximité du Récif de l’Amazone ou encore le projet gazier d’Arctic LNG. La défense du climat, la protection de la biodiversité ou des peuples autochtones, Total n’en a cure, tant que l’entreprise peut perpétuer son modèle passéiste, basé encore et toujours sur l’exploitation des énergies fossiles, et continuer à amasser du profit”.
“Greenpeace va évidemment se mobiliser à nouveau contre ce projet de Total, jusqu’à obtenir une annulation définitive de forer dans la zone du récif”, conclut Edina Ifticène.
(1) Le Récif de l’Amazone est un écosystème unique composé notamment de coraux, d’éponges et d’algues découvert au large de l’embouchure de l’Amazone. Documenté pour la première fois en avril 2016, sa superficie était alors estimée à 56 000 km². Depuis, de nombreuses expéditions ont prouvé qu’il est bien plus étendu et abrite une importante biodiversité ainsi que de nombreuses espèces menacées. En avril 2018, Greenpeace a permis d’établir que le Récif de l’Amazone est présent à l’intérieur d’au moins un des blocs de Total au Brésil et se prolonge jusque dans les eaux guyanaises.