Réaction de Greenpeace France au versement de dividendes par Total à ses actionnaires
Encore un rendez-vous manqué pour la solidarité et l’exemplarité. Alors que la France et le monde connaissent une crise sanitaire et économique sans précédent, la major pétrolière Total doit verser ce jour à ses actionnaires son troisième acompte du dividende pour l’exercice 2019, pour un montant de 1,8 milliards d’euros. Pour rappel, l’entreprise a versé l’année dernière plus de sept milliards de dollars US de dividendes à ses actionnaires. Avec près de 2 milliards de dollars US de rachats d’actions effectués en 2019, c’est environ 9 milliards de dollars US dédiés aux actionnaires.
Face à la crise, les compagnies pétrolières doivent coûte que coûte assurer la protection sociale de leurs salarié·es et engager la transformation drastique d’un modèle qui va droit dans le mur. Total fait le choix inverse : « Le groupe Total est piégé par son propre système financier et son business modèle, constate François Chartier, chargé de campagne pétrole pour Greenpeace France. Le versement de dividendes est le seul moyen pour lui de satisfaire – et à terme de garder – son actionnariat et de maintenir artificiellement un semblant de rentabilité financière. Cela démontre bien que l’activité et le modèle de l’entreprise ne sont ni viables ni résilients ».
Le pétrolier annonçait lundi renoncer aux aides de l’État, dans un “esprit de solidarité”. « C’est la moindre des choses, le contraire serait purement scandaleux, renchérit François Chartier. Mais comment parler de solidarité un jour et verser des dividendes le lendemain ? La stratégie de Total est complètement cynique : l’entreprise n’a absolument pas compris le message urgent envoyé aujourd’hui par la crise du coronavirus. Ce réflexe passéiste de récompenser des actionnaires pour des placements boursiers doit cesser, tout investissement doit aujourd’hui soutenir la transition écologique, la solidarité et la construction d’un modèle économique et social véritablement juste et résilient. Total, une nouvelle fois, va à l’encontre de ces enjeux ».
Si Total ne bénéficie pas des mesures d’urgence mises en place pour faire face à la situation de crise sanitaire du COVID-19, le gouvernement doit s’assurer que le pétrolier ne bénéficiera pas non plus des mesures du futur plan de relance déployé pour faire face à la crise économique. Ce plan devra accélérer la transition écologique et la justice sociale – et donc laisser de côté les entreprises climaticides, comme Total. »