[rapport] Zoom sur les menaces géopolitiques et climatiques du projet de gazoduc EastMed, soutenu par l’UE

Un nouveau rapport publié aujourd’hui par Greenpeace Italie dénonce les risques géopolitiques et climatiques liés au projet de gazoduc EastMed, que la Commission européenne a jugé prioritaire dans le cadre des projets d’intérêt commun (PIC) dans le domaine de l’énergie.
Le gazoduc, qui ne serait pas mis en service avant 2028, relierait les champs gaziers israéliens et chypriotes à la Grèce puis à l’Italie, traversant les eaux contestées entre la Grèce, la Turquie et Chypre.

Face au danger qu’il représente à la fois pour la paix en Europe et pour le climat, Greenpeace demande à la Commission et aux gouvernements européens de se retirer du projet de gazoduc EastMed, de le retirer de la liste des PIC et de procéder à une évaluation des risques de conflit pour tout projet transfrontalier d’infrastructure de combustibles fossiles soutenu par l’UE. La France doit également prendre ses responsabilités en poussant activement pour l’arrêt du soutien de l’UE à ce projet.

« Le gazoduc EastMed est l’exemple parfait d’un projet “explosif” dans une région hautement militarisée et contestée, déclare Lorelei Limousin, responsable de la campagne Climat et Énergie à Greenpeace EU. Il pourrait rallumer un conflit latent uniquement pour permettre à des compagnies pétrolières et gazières d’engranger des bénéfices pendant encore quelques décennies, en détournant les investissements des énergies renouvelables et des économies d’énergie. La double menace du changement climatique et des conflits armés que représente ce gazoduc nous montre clairement que les combustibles fossiles ne peuvent garantir la sécurité énergétique ».

Le rapport, intitulé Timebomb – the geopolitical and climate risk of the EastMed pipeline (“Bombe à retardement – les risques climatiques et géopolitiques du gazoduc EastMed”) alerte sur les menaces suivantes :

● En franchissant des frontières maritimes contestées entre la Grèce, la Turquie et l’île divisée de Chypre, le gazoduc augmenterait le risque de conflit armé dans cette région déjà fortement militarisée.
● Le gazoduc pourrait attiser le conflit non résolu entre la République de Chypre et la République turque de Chypre du Nord pour le contrôle de l’île et de ses ressources.
● Le gazoduc deviendrait également une cible militaire évidente, comme l’ont montré les récentes attaques contre le gazoduc Nord Stream entre la Russie et l’Allemagne.

S’il est construit, le gazoduc EastMed pourrait engendrer chaque année l’émission de 27 millions de tonnes d’équivalent CO2, en tenant compte de la consommation d’énergie, du transport et des fuites. Il consommerait ainsi 11,5 % du budget carbone qu’il reste à l’UE entre 2028 et 2050 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.

La Commission devrait soumettre sa liste définitive des projets d’intérêt commun en novembre, après consultation des régulateurs de l’énergie et des États membres. Les gouvernements et le Parlement européens auront alors deux mois pour approuver l’ensemble de la future liste ou la rejeter, sans possibilité de proposer de modifications.