Rapport du GIEC : l’urgence d’agir pour ne pas rester KO

Climat

Attendu depuis plusieurs semaines, le rapport des scientifiques du GIEC a été rendu public ce matin.
Il confirme ce que nous craignons depuis plusieurs décennies : le réchauffement climatique s’aggrave, et il est incontestablement lié aux activités humaines.

Les conclusions du rapport ont de quoi mettre KO, mais l’urgence doit au contraire nous empêcher de rester tétanisés face aux menaces et entraîner un réveil des Etats.

« Nous n’avons jamais disposé d’autant d’éléments scientifiques, de connaissances et de constats sur le terrain. Pourtant, les gouvernements continuent d’agir à contresens avec des plans de relance qui confortent les systèmes économiques actuels, par exemple en continuant à investir massivement dans les industries fossiles, ou en refusant d’imposer des éco-conditionnalités aux grandes entreprises responsables de la crise climatique« , souligne Clément Sénéchal, chargé de campagne Climat pour Greenpeace France.

A quand une réaction des Etats à la hauteur de l’urgence climatique ?

Malgré le consensus scientifique et politique autour de la réalité du réchauffement climatique, Greenpeace craint que ce rapport ne soit toujours pas suivi des décisions qui s’imposent aux Etats afin de tenter de limiter au maximum les effets dévastateurs du réchauffement climatique.
Au-delà des rapports du GIEC, c’est l’inaction des chefs d’État qui est alarmante. Si aucun d’entre eux ne conteste plus les conclusions du GIEC, déplorant même pour la plupart cette situation, quasiment tous prétendront à tort prendre les mesures nécessaires, à l’instar d’Emmanuel Macron en France. Le G20 en Italie en octobre, puis la COP26 en Ecosse en novembre, permettront de mesurer l’implication réelle des dirigeants mondiaux.

L’importance accordée dans cette édition aux événements extrêmes permet de faire le lien entre l’évolution du climat et les phénomènes climatiques extrêmes que de nombreuses populations subissent actuellement.
C’est le premier maillon d’une chaîne de causalité qui aboutit à la responsabilité des politiques : le changement climatique est lié aux émissions de gaz à effet de serre, ces émissions sont le résultat de notre système économique et notre système économique est façonné par des décisions politiques”, poursuit Clément Sénéchal.

L’accent mis sur les impacts régionaux du dérèglement climatique doit également permettre une adaptation au plus près des populations, autre enjeu sur lequel les gouvernements sont en retard.

Un rapport qui renforcera les recours en justice

Pour Greenpeace, ce rapport sera précieux devant les tribunaux, qui sont de plus en plus sollicités sur les questions d’inaction climatique.
En renforçant davantage les preuves scientifiques du lien entre les émissions humaines et les conditions météorologiques extrêmes, le GIEC fournit de nouveaux et puissants moyens de tenir l’industrie des énergies fossiles et les gouvernements directement responsables de l’urgence climatique. La récente victoire judiciaire contre Shell aux Pays-Bas démontre à quel point la science du GIEC peut être puissante.

Le gouffre entre la réalité climatique et les discours politiques se creusent

Le fossé entre l’évolution concrète du réchauffement climatique, ses manifestations et les retards, tergiversations et mensonges qui dominent discours politiques et agendas législatifs se creuse chaque jour un peu plus, qu’il s’agisse du timide paquet climat européen ou de la loi climat française votée il y a quelques jours.

En l’état, cette loi climat ne permettra pas à la France de respecter la trajectoire de réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, comme l’ont rappelé le Conseil économique, social et environnemental, le Haut Conseil pour le climat et le Conseil national de la transition écologique. Un objectif par ailleurs déjà obsolète à l’heure où l’Union européenne vient d’adopter une trajectoire de -55%, elle-même insuffisante pour rester sous la barre des + 1,5°C.

En juin dernier, c’est le Haut Conseil pour le climat qui soulignait que les politiques publiques étaient trop incertaines pour faire face au défi du changement climatique : « les efforts actuels sont insuffisants pour garantir l’atteinte des objectifs de 2030 ».

Pour Greenpeace, la France doit relever son objectif de réduction d’émission de gaz à effet de serre en 2030 à -55% au minimum et viser de préférence -65%, cesser immédiatement de soutenir les énergies fossiles (y compris les projets gaziers), fixer des objectifs de réduction d’émissions contraignants à ses grandes entreprises et augmenter significativement ses financements climat à destination des pays en développement, pour atteindre huit milliards d’euros par an jusqu’en 2025.