[RAPPORT] Climat et marchés financiers : pour une interdiction des dividendes climaticides du CAC40

Climat

Jeudi 7 mai, Greenpeace France publie un nouveau rapport qui appelle à interdire par la loi la rémunération des actionnaires dès lors que celle-ci repose sur des activités néfastes pour le climat.

S’appuyant sur des exemples concrets, le rapport Climat : l’argent du chaos. Pour une interdiction des dividendes climaticides dénonce l’absence de régulation des grandes entreprises au regard de l’urgence climatique et pointe l’impact considérable sur le climat des activités associées aux dividendes versés chaque année.

 

Ainsi, au titre de l’exercice 2018, les 10 entreprises les plus climaticides du CAC 40 étaient responsables de l’émission de  3,1 milliards de tonnes d’équivalent CO2 , tout en ayant versé près de 20 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires [1]. BNP Paribas, qui a le plus lourd bilan carbone du CAC 40 (du fait notamment d’investissements dans les énergies fossiles), a versé 3,7 milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires, tandis que la major pétrolière Total [2], dont l’empreinte carbone est comparable à celle du territoire national, leur a versé 6,6 milliards d’euros de dividendes.[3]

Clément Sénéchal, chargé de campagne climat à Greenpeace France, précise : “Le lien toxique entre marchés financiers et activités climaticides agit comme un verrou de la transition écologique. Il est indispensable aujourd’hui de le rompre si nous voulons prévenir de nouvelles crises liées au dérèglement climatique. Tant qu’il sera permis d’être à la fois ‘criminel du climat’ et ‘as des dividendes’, tant que les actionnaires engrangeront des profits sur le dos du climat, il ne sera pas possible de faire émerger une économie décarbonée.”

Ce rapport détaille les fondements politiques, économiques et juridiques d’un dispositif législatif fixant des objectifs contraignants de réduction des émissions pour les entreprises, en interdisant notamment le versement de dividendes en cas de non-respect. Il s’agirait également  de renforcer et d’unifier les méthodes de calcul de l’empreinte carbone des entreprises, de créer des « commissaires aux comptes carbone » et une autorité administrative indépendante chargée des contrôles et des sanctions.

Mobilisée autour du plan de relance du gouvernement en réponse à la crise provoquée par le COVID-19, Greenpeace France plaide, avec ce rapport, pour que la transformation écologique de nos sociétés et la justice sociale soient enfin au cœur des politiques gouvernementales, en rupture avec l’inaction climatique qui a caractérisé la première partie du quinquennat. Cela passe nécessairement par un changement radical de logique économique et de paradigme politique.

La crise du COVID a mis en évidence la profonde vulnérabilité de nos sociétés et l’irrationalité du cadre néolibéral. Il incombe au gouvernement de rebâtir notre économie sur des bases plus solides, plus justes et respectueuses du climat. Cela commence par prendre en urgence des mesures contraignantes pour soumettre les entreprises aux objectifs fixés par l’Accord de Paris. La relance de l’économie doit être l’occasion de transformer le contrat social qui lie les multinationales à la collectivité, d’instaurer un partage de l’effort efficace et de maintenir ainsi la hausse des températures à 1,5°C d’ici à la fin du siècle, sans quoi l’humanité entière court délibérément à sa perte.” poursuit Clément Sénéchal.

Le rapport est disponible ici :
www.greenpeace.fr/climat-largent-du-chaos/

Notes aux rédactions :

[1] Les données concernant les bilans carbone des entreprises proviennent principalement des documents de référence des entreprises (sauf pour le scope 3 des banques où elles sont issues du rapport La colossale empreinte carbone des banques : une affaire d’État, Oxfam et Les Amis de la Terre, novembre 2019). Les données financières ont été calculées par Greenpeace sur la base de données issues du cabinet d’analyse financière AlphaValue.

[2] Mardi 5 mai, Total a présenté de nouveaux engagements pour réduire ses émissions et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, des effets d’annonces décryptés par Greenpeace dans un communiqué.

[3] Pour plus de compréhension, Greenpeace propose d’illustrer l’impact des dividendes sur le climat grâce au calcul de “l’empreinte carbone dividendes” des entreprises en tonnes d’équivalents CO2 pour 100 euros d’actions ramenée à l’équivalent d’émissions pour un vol aller-retour Paris-New York pour une personne (un aller-retour entre Paris et New-York correspondant à 1 tonne d’équivalent CO2 selon la Direction Générale de l’Aviation Civile). Selon ces calculs, 100 euros de dividendes équivalent à plus de 20 vols pour BNP Paribas et à près de 7 vols pour Total.