Pour les deux ans de Fukushima, Areva envoie du Mox au Japon

Climat

Paris, le 26 février 2013 – Alors que le Japon va bientôt commémorer le tsunami du 11 mars 2011 et le début de la catastrophe nucléaire de Fukushima, Greenpeace révèle que la France s’apprête, dans le plus grand secret, à exporter une cargaison de combustible au plutonium (Mox) vers ce pays. Le départ de ce transport très dangereux et controversé est prévu au départ du port de Cherbourg dans la première semaine d’avril.

Le Mox est un combustible composé de 6 à 7% de plutonium, composant utilisé notamment pour fabriquer les bombes nucléaires, et issu du retraitement. Le Mox est encore dangereusement présent dans le réacteur n°3 de Fukushima.

Ce sont deux navires britanniques, le Pacific Egret et le Pacific Heron, de la compagnie PNTL (Pacific Nuclear Transport Limited, compagnie dont Areva est copropriétaire) qui seront en charge de transporter la cargaison. Ils sont en cours de préparation dans le port anglais de Barrow-In-Furness et doivent prochainement rallier Cherbourg pour prendre en charge le combustible au plutonium à destination du Japon.

La France voudrait pousser le Japon à redémarrer le business du nucléaire

Sur les 54 réacteurs que compte le Japon, seuls les deux réacteurs de la centrale d’Ohï dans la Province de Fukui sur la Cote de la Mer du Japon ont été autorisés à redémarrer. Aucun réacteur fonctionnant avec ce combustible Mox n’est censé être remis en marche puisqu’une grande partie d’entre eux sont situés sur des failles sismiques actives.

« En expédiant malgré tout leur dangereuse et inutile marchandise, Areva et les autorités françaises veulent reprendre les exportations, pousser les autorités japonaises à redémarrer plus de réacteurs« , décrypte Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace France. « Areva et la France voudraient effacer Fukushima, alors que les Japonais paient toujours les conséquences de la catastrophe et que l’opinion japonaise est maintenant résolument pour une sortie du nucléaire. »

Au Japon, la crise nucléaire débutée le 11 mars 2011 est plus que jamais en cours. Des dizaines de milliers de japonais sont toujours « déplacés » sans espoir de retour à leurs domiciles. Les pêcheurs de la région ne pêchent plus que pour contribuer aux analyses techniques d’évaluation de la très forte contamination de l’océan. Les hommes se battent au quotidien contre la radioactivité pour tenter désespérément de décontaminer des villages et écoles. Dans la centrale de Fukushima des centaines d’ouvriers et ingénieurs tentent en vain de stabiliser la situation. La piscine du réacteur N°4 reste elle aussi toujours instable.

Dans ce contexte, Greenpeace demande au gouvernement français de renoncer à ce transport scandaleux.

Deux ans après l’annulation forcée du dernier transport, Areva veut récidiver

En mars 2011, juste après le début de la catastrophe nucléaire de Fukushima, Areva avait tenté d’exporter malgré tout une cargaison de combustible au plutonium vers le Japon. La publication par Greenpeace de cette information au Japon avait entraîné l’annulation du transport par les autorités japonaises.

Une partie de cette marchandise, qui rassemblait au total plus d’une tonne de plutonium, avait à l’époque pour destination la centrale de Fukushima.

Ces assemblages de Mox, fabriqués à l’usine Melox (Marcoule, vallée du Rhône) avaient alors été acheminés à l’usine Areva de La Hague en attendant l’expédition. Depuis l’annulation, ce Mox est resté entreposé dans des containers TN12/2 dans l’atelier NPH de l’établissement Areva du Cotentin. C’est cette cargaison qu’Areva compte encore une fois exporter.