Pour Fukushima la situation ne s’arrange pas, pour Areva non plus

Climat

Paris, le 25 mars 2011 à 15h30 – Il y a deux semaines le Japon était très durement frappé par un violent séisme et un tsunami d’une ampleur exceptionnelle. A ce grand malheur est venu s’ajouter la catastrophe nucléaire de Fukushima. Les premières explosions ont fait peur au monde entier. Les images de ces derniers jours montrant la fumée noire s’échappant en continu du réacteur n°3 sont très inquiétantes et montrent que la situation est loin de s’améliorer. C’est ce réacteur qui est au cœur de toutes les préoccupations. Le confinement est rompu et tout porte à croire que le cœur est maintenant à l’air libre. Cela explique que les niveaux de radioactivité soient très élevés et que certains ouvriers qui mettent leur vie en jeu, pour tenter de contenir l’accident, aient été très gravement irradiés.

« La centrale de Fukushima est toujours dans une situation critique et continue d’émettre en permanence d’importants rejets radioactifs« , déclare Sophia Majnoni, en charge de la campagne Nucléaire pour Greenpeace France. « Le réacteur n°3 est celui qui pose le plus de problèmes et qui est la plus grande cause de contamination. Il carbure avec un combustible plus dangereux que les autres, le Mox. »

Areva voulait renvoyer du Mox au Japon

Le 15 mars, Areva annonçait avoir annulé tous les transports de combustible prévus à destination du Japon. Pourtant, hier, Greenpeace révélait qu’Areva était en train d’organiser un nouvel envoi de Mox au Japon la semaine du 4 avril. Joint par l’AFP hier, Areva a refusé de répondre par oui ou non à la question : Démentez-vous qu’il y ait un transport de Mox pour le Japon la semaine du 4 avril ?

Rebondissement aujourd’hui, suite à l’écho qu’a eu l’annonce de Greenpeace auprès des électriciens japonais, ces derniers ont décidé d’annuler ce transport. En effet Kensai Electric Power et Chubu Electric Power viennent d’annoncer à Kyodo News qu’en raison d’un défaut de sécurité sur ce convoi, ils repoussent la livraison de Mox au moins jusqu’en 2013.

« C’est incroyable qu’Areva et les autorités françaises aient même pu penser à effectuer ce transport alors que Fukushima est encore en train de contaminer massivement le Japon et ce notamment à cause de ce fameux Mox présent dans le réacteur n°3« , ajoute Sophia Majnoni. « L’industrie nucléaire française est aveugle et irresponsable face à la catastrophe en cours. Avec cette annulation venant des électriciens, les Japonais mettent en lumière l’attitude arrogante des Français. »

Tant que la catastrophe est en cours et jusqu’à ce qu’une analyse précise et partagée soit faite des événements qui se déroulent au Japon, Greenpeace demande le gel de tous les projets de développement et de toutes les décisions sur le nucléaire français.

La contamination prend de l’ampleur

Les annonces en provenance du Japon concernant la contamination sont de plus en plus pessimistes. Les autorités ont d’ores et déjà dit que certaines zones ne seraient plus habitables pendant des dizaines d’années. Il y aura donc, comme à Tchernobyl, des zones d’exclusions où aucune vie humaine ne sera possible pour une longue durée. L’ampleur de la contamination de l’eau est très inquiétante, dans six préfectures le niveau de radioactivité dépasse celui autorisé.

« Malheureusement la contamination au Japon devient de plus en plus dure à gérer« , reprend Sophia Majnoni. « Les Japonais font face à une situation inédite dont personne ne peut prédire l’issue. Cette situation affecte aussi tout l’hémisphère nord de la planète où le ciel est déjà partout plombé. Nous ne sommes pas dans une situation où un nuage passe et le risque est écarté. Comme Fukushima continue de rejeter des radionucléides, nous allons assister à des évolutions régulières de la radioactivité partout dans l’hémisphère nord. »