Pollution de l'air : la France joue toujours avec la santé de ses citoyen-nes
Neuf États membres dont la France (1) étaient convoqués ce matin par le commissaire européen à l’environnement, Karmenu Vella, pour une réunion à huis clos organisée en urgence sur la pollution de l’air. En 2017, la Commission européenne avait déjà mis en garde cinq États membres (2) – France, Allemagne, Espagne, Italie et Royaume-Uni – contre une action judiciaire imminente visant leurs dépassements répétés des normes de qualité de l’air entrées en vigueur en 2010 et la faiblesse de leurs plans d’action. Cette procédure engagée par la Commission européenne concerne spécifiquement les infractions aux limites fixées pour le dioxyde d’azote (NO2), directement lié à la circulation routière (3).
Des militant-e-s de Greenpeace étaient mobilisé-e-s ce matin devant la Commission européenne pour dénoncer les niveaux dangereux de pollution atmosphérique et exiger un air sain en Europe. Pour symboliser l’impact sanitaire de cette pollution, les neuf militant-es affichaient des poumons peints sur leur poitrine.
Les militant-e-s de Greenpeace ont rappelé que les gaz d’échappement des voitures sont responsables de la mort de dizaines de milliers de personnes en Europe. Bien qu’il existe des lois censées protéger les populations, pendant des années, les gouvernements n’ont tout simplement pas pris les mesures nécessaires pour mettre fin aux niveaux illégaux de pollution de l’air. Repousser l’abandon des véhicules diesel et essence en faveur d’autres formes de mobilité plus écologiques se fait aux dépens de la santé des citoyen-nes.
« Ce rappel à l’ordre de la Commission européenne n’est qu’une illustration de plus du retard de la France en matière de transition énergétique dans les transports, analyse Sarah Fayolle, chargée de campagne Climat chez Greenpeace France. Le gouvernement ne prend pas au sérieux sa responsabilité de protéger les citoyen-nes de la pollution atmosphérique et de l’impact climatique liés aux transports. Le gouvernement français doit bien sûr mettre rapidement fin à l’utilisation des véhicules essence et diesel, mais aussi accompagner les collectivités dans la réduction de la place accordée à la voiture individuelle et dans le développement de solutions alternatives ».
Notes :
(1) http://europa.eu/rapid/press-release_IP-18-348_fr.htm
(2) http://europa.eu/rapid/press-release_IP-17-238_fr.htm?locale=FR
(3) Le dioxyde d’azote (NO2) est l’un des nombreux polluants atmosphériques toxiques émis par les moteurs à combustion interne des voitures. L’Agence européenne pour l’environnement estime que le NO2 cause chaque année 75 000 décès prématurés au sein de l’UE (Report on air quality in Europe published by the European Environment Agency, 2017. https://www.eea.europa.eu/publications/air-quality-in-europe-2017 ). La législation européenne sur la qualité de l’air impose aux États membres de limiter l’exposition des citoyen-nes aux polluants atmosphériques nocifs et fixe une valeur limite (en moyenne annuelle) de 40 μg / m3 pour le NO2. En France, cette valeur limite continue d’être dépassée chaque année dans plusieurs agglomérations comme Paris, Marseille ou Lyon ; 16 agglomérations françaises étaient ainsi en dépassement en 2016 (bilan de la qualité de l’air en France en 2016, CGDD, octobre 2017. http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/fileadmin/documents/Produits_editoriaux/Publications/Datalab/2017/Datalab-26-bilan-de-la-qualite-de-l-air-en-france-en-2016-oct2017.pdf )