Pêches : l’Europe doit changer de cap avant qu’il ne soit trop tard

Océans, Toxiques

Paris, le 13 juillet 2011 – La Commission européenne présente aujourd’hui son projet de réforme de la Politique commune des pêches (PCP) qu’elle veut ambitieux. Les mesures qu’elle annonce sont pourtant peu contraignantes et ne suffiront pas à atteindre les objectifs visés, à savoir restaurer d’ici 2015 les stocks de poissons.

« A l’heure actuelle, le constat est simple : il y a trop de bateaux et de moins en moins de poissons. 7 espèces sur 10 sont menacées sur nos étals. Résultat : si on continue à pêcher à ce rythme, nos océans seront vides d’ici 35 ans« , explique François Chartier, chargé de campagne Océans pour Greenpeace. « Il faut agir dès maintenant et commencer par réduire le nombre de bateaux pour que la capacité de pêche soit en accord avec les ressources disponibles ».

La France verrouille toute négociation à Bruxelles

La situation a beau être très préoccupante, certains freinent encore des quatre fers. C’est le cas notamment de la France, qui s’est faite le porte-parole de l’industrie et des pays pêcheurs tels que l’Espagne ou l’Italie, dans les débats menés ces derniers mois sur la réforme de la PCP. La France s’oppose – entre autres – à l’interdiction des rejets de poissons non ciblés à la mer, morts. Or ces rejets peuvent représenter jusqu’à 60% des prises d’un bateau : un gâchis inacceptable. De même, la France ne soutient pas l’objectif de restauration des stocks de poissons d’ici 2015. Enfin, elle n’a pas hésité à affirmer que le principal objectif des accords de pêche entre l’UE et les pays tiers doit demeurer la préservation des intérêts économiques de la flotte européenne, ignorant ainsi les impacts de la délocalisation de la surpêche à l’étranger.

« La France tient un double langage. D’un côté elle vante son ambition en matière de protection des milieux marins. De l’autre, elle défend les intérêts économiques d’une poignée d’armateurs industriels« , dénonce François Chartier. « Il est grand temps que le gouvernement français prenne conscience de l’urgence de la situation et qu’il revoit sa position avant que l’on assiste à la disparition des poissons… et des pêcheurs« .

La Commission européenne doit instaurer des mesures plus contraignantes

Si la Commission propose certaines avancées notables, comme par exemple l’interdiction des rejets de poissons morts en mer, le texte manque de propositions concrètes pour contrer la cause première de la surpêche en Europe. En effet, la Commission a beau avoir elle-même clairement établi le lien entre le mauvais état des populations de poissons et la taille surdimensionnée de sa flotte, elle n’apporte aucune mesure pour réduire le nombre de bateaux. Le texte, dans sa forme actuelle, propose également de fausses bonnes solutions. Un exemple parmi tant d’autres : la création de quotas individuels transférables (QIT), un système qui permettrait la vente ou l’échange de quotas directement entre armements sur un marché. Ce mécanisme ne constitue en aucun cas un outil suffisant pour réguler le trop grand nombre de bateaux et pour mettre fin à la surpêche. Il risque avant tout d’aggraver encore plus la concentration du secteur en réservant l’accès aux poissons à quelques industriels qui pêcheront toujours autant.

Greenpeace demande des mesures pour une réelle protection des océans

Greenpeace demande donc au Parlement et au Conseil de travailler à une amélioration de cette proposition et d’élaborer une réforme qui permette de véritablement protéger nos océans. Pour y parvenir, Greenpeace propose de :

  • réduire la surcapacité de pêche et mettre fin aux pratiques destructrices ;
  • créer un réseau de réserves marines couvrant 40% de la surface des océans au niveau mondial, dont une partie en mer du Nord et en Méditerranée ;
  • respecter les avis scientifiques pour fixer les quotas ;
  • garantir la traçabilité des produits de la mer depuis leurs lieux de prise jusqu’aux étals de vente.

L’analyse de Greenpeace sur la proposition de la Commission est disponible ici.