Océans : l’Europe met le cap sur la fin du chalutage profond

Océans

Paris, 20 juillet 2012 – La Commission européenne a proposé hier à Bruxelles une réglementation spécifique sur le chalutage profond, qui vise à l’interdiction de cette pratique de pêche, parmi les plus destructrices selon les scientifiques.

Vers la fin du chalutage profond ?

La Commission reconnaît aujourd’hui que le chalutage profond est une pratique destructrice pour les océans, et les habitats marins vulnérables, destruction dont l’étendue n’est pas encore connue aujourd’hui. La proposition de la Commission met aussi l’accent sur le fort taux de prises accessoires du chalutage profond : entre 20 et 40% des poissons et autres organismes marins capturés ne sont en fait pas les espèces visées, et donc rejetés à la mer directement, morts ou mourants. Enfin, la Commission admet aujourd’hui l’inefficacité des mesures prises jusqu’à présent et souhaite mettre fin à cette pratique destructrice. Cette mesure serait mise en œuvre dans un délai de deux ans à compter de l’adoption définitive de cette réglementation.

« Greenpeace dénonçait les impacts négatifs de ce type de pêche, véritable crime caché au fonds des océans, encore l’année dernière en mer au large des côtes écossaises. » rappelle Hélène Bourges, chargée de campagne Océans. « Cette proposition de la Commission prend enfin en compte les signaux d’alarme lancés par les scientifiques et les ONG. L’initiative va dans le bon sens, mais le processus de discussion européen est long et la bataille politique ne fait que commencer. »

La France toujours parmi les plus mauvais élèves

Cette proposition aurait dû être adoptée la semaine dernière, mais les lobbies de l’industrie du chalutage profond, soutenus par le ministre français Frédéric Cuvillier, en charge de la pêche, ont tenté de la bloquer. Michel Barnier, commissaire européen au commerce intérieur et ancien ministre français de la pêche, avait réussi à repousser la prise de décision.

« La position de la France sur ce dossier indique qu’il n’y a aucune volonté politique de mettre fin à la surpêche » souligne Hélène Bourges. « C’est à la fois déplorable dans le contexte de la réforme de la politique commune des pêches et inquiétant sachant que le de la pêche est désormais censé être sous la tutelle du de l’écologie. »

Quelles conséquences pour la flotte française ?

La France est responsable de 31% des prises d’espèces de grands fonds dans l’Atlantique Nord-Est, derrière l’Espagne (38%). La flotte de chalutiers profonds français se monte à 25 bateaux, dont 12 appartiennent à la Scapêche, la flotte d’Intermarché, principal acteur du secteur. Enfin, les chalutiers profonds français n’emploient que 1% des salariés du secteur de la pêche en France, et cette niche a été fortement subventionnée aux dépends de modèles de pêche artisanale, plus sélectifs, plus durables et plus créateurs d’emplois.

 » Le chalutage profond n’a pu voir le jour que sous la perfusion de subventions européennes. » souligne Hélène Bourges. « Et la flotte européenne est de toutes façons surdimensionnée par rapport à la ressource. Sa diminution doit d’abord concerner les navires dont les pratiques sont destructrices, comme ces chalutiers profonds, et nos dirigeants politiques doivent favoriser la pêche artisanale, plus durable, qui représente 80% de la flotte et la moitié des emplois du secteur, car elle est l’avenir de la pêche en Europe ».

Plus d’informations sur le chalutage profond, voir le rapport de Greenpeace