Nucléaire : le bricolage de Guéant et Proglio

Climat

Paris, le 6 janvier 2012 – Demain matin, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant, et Henri Proglio, le PDG d’EDF, au cours d’une visite de la centrale nucléaire de Chinon (Indre-et-Loire), devraient annoncer des nouvelles mesures de sécurité prévues suite aux intrusions de Greenpeace sur plusieurs sites nucléaires, le 5 décembre dernier. Ces mesures sont déjà connues : fourniture de caméras thermiques et de pistolets à impulsion électrique type Taser, et mise en place de nouvelles brigades cynophiles.

« Ces nouvelles mesures ne sont que de la poudre aux yeux. Il est impossible de sécuriser correctement un site nucléaire », réagit Sophia Majnoni d’Intignano, chargée de campagne Nucléaire pour Greenpeace. « Les centrales nucléaires sont immenses, deux cents hectares pour certaines, il n’est pas sérieux de prétendre que quelques chiens et gardes mieux équipés sont la solution pour une sécurité parfaite. La seule manière de ne plus être exposé aux risques nucléaires est de cesser d’utiliser cette énergie. »

Du déjà vu

En 2007, suite à l’intrusion de Greenpeace dans la centrale de Belleville (Cher), le gouvernement de l’époque avait déjà pris de nouvelles mesures de sécurité dont la plus marquante reste la création d’une unité spécifique de gendarmes, le Peloton spécial de protection de la gendarmerie (PSPG), présente aujourd’hui sur toutes les centrales françaises. Les PSPG représentent au total 740 militaires.

« Le gouvernement et EDF réagissent pour tenter de rassurer le public mais personne n’est dupe« , insiste Sophia Majnoni d’Intigano. « L’installation de ces pelotons spéciaux de gendarmerie sur les centrales nucléaires n’a pas empêché que, depuis, des militants parviennent toujours à pénétrer sur ces sites. Les mesures annoncées aujourd’hui n’y changeront rien : le nucléaire constitue une faiblesse de sécurité pour tous les pays utilisant cette énergie. »

Quid de l’audit de François Fillon ?

Suite aux intrusions de Greenpeace sur divers sites nucléaires le 5 décembre dernier, François Fillon, en accord avec Nicolas Sarkozy, a demandé, aux ministres de l’Ecologie, de l’Intérieur et de l’Industrie de conduire un audit de sécurité des installations nucléaires dans un courrier daté du 16 décembre.

« Surprenant d’entendre aujourd’hui Claude Guéant annoncer des mesures pour renforcer la sécurité des centrales nucléaires alors même que l’analyse demandée par le Premier ministre n’a pas commencé« , ajoute Sophia Majnoni d’Intignano. « Cela ressemble à de la précipitation, ou à un pur exercice de communication, et non à une démarche réfléchie Si des mesures doivent être prises, il faut qu’elles le soient après un audit complet fondé sur la transparence et incluant la participation de la société civile. »

Grosse inflation du nucléaire

Dure semaine pour le portefeuille du nucléaire français. Mardi, suite à un audit portant uniquement sur les risques d’inondation et de séisme, l’Autorité de sûreté nucléaire a jugé nécessaire plusieurs milliards d’euros de travaux pour atteindre un niveau de sûreté acceptable après Fukushima. Et aujourd’hui, c’est le gouvernement qui annonce des nouvelles mesures de sécurité qui vont, elles aussi, avoir un coût… sur lequel ils se gardent bien de communiquer !

Inévitablement, ce sont les Français qui vont en payer le prix : les tarifs de l’électricité vont augmenter plus que prévu pour les ménages français, alors même qu’une hausse de 20 à 30 % est déjà attendue dans les années à venir.

Le gouvernement actuel fait un choix : investir massivement dans une énergie du passé et dangereuse, dont la plupart des Français ne veulent plus. La France est en train de rater une opportunité industrielle et économique unique : la transition énergétique, créatrice de croissance et d’emplois. Et il appartiendra au prochain gouvernement de continuer dans cette voie sans issue, ou de saisir la chance qui s’offre à notre pays.