Municipales 2020 : le monde d’après doit placer la lutte contre la pollution de l’air au cœur des enjeux

Le second tour des élections municipales, dimanche prochain, est le premier rendez-vous politique de l’après coronavirus en France. Il sera surtout l’occasion d’ancrer dans les territoires les promesses faites par les candidat·es tout au long de la crise, notamment sur le sujet de la lutte contre la pollution de l’air.

« La crise terrible du Covid-19 a mis en avant deux éléments fondamentaux : à la fois l’impact extrêmement néfaste du trafic routier dans nos villes, le confinement et l’arrêt de la circulation ayant eu un impact immédiat sur les niveaux de pollution, et les liens entre l’exposition à la pollution de l’air et la vulnérabilité face à certaines infections virales respiratoires, commente Sarah Fayolle, chargée de campagne transports chez Greenpeace France. Ces enjeux ne peuvent plus être ignorés par les candidat·es aux élections et les futur·es maires de France qui auront la responsabilité urgente de construire des villes moins polluées, en organisant et rendant possible la sortie du diesel, de l’essence et du tout-voiture, en accompagnant les plus modestes et en développant les alternatives à la voiture individuelle. »

Des engagements encore trop timides

Le coronavirus a permis de faire bouger les lignes en termes de modes de déplacement dans nos villes, et de questionner la place trop importante traditionnellement dédiée à la voiture au profit des piétons/vélos. Des aménagements intéressants, notamment pour les vélos, ont été mis en place. Cependant, les engagements ont été très disparates selon les villes et restent trop souvent insuffisants [1].

Ainsi, si les aménagements cyclables provisoires ont permis une forte augmentation de la pratique du vélo et ce sur tout le territoire, certaines collectivités ont d’ores et déjà fait le choix de les retirer, alors que l’enjeu devrait être de pérenniser la dynamique. C’est le cas notamment à Marseille, où la piste cyclable provisoire du Prado a été retirée six jours seulement après sa mise en service. De plus, il existe souvent un écart important entre les annonces faites en matière de pistes cyclables provisoires et leur réalisation. Enfin, alors que les écoles ont progressivement rouvert, très peu de villes ont pris des mesures de piétonisation des abords des écoles afin de protéger les enfants et leurs parents, et de limiter la pollution de l’air. Les enfants sont pourtant particulièrement vulnérables à la pollution de l’air, et trois enfants sur quatre respirent un air pollué.

La crise Covid devrait également être l’occasion, quand ce n’est malheureusement pas déjà fait, de mettre un terme aux projets de nouvelles infrastructures routières et autoroutières : ces projets non seulement sont destructeurs pour le climat, la qualité de l’air et l’environnement, mais ils supposent également des investissements lourds qui, dans un contexte contraint, devraient plutôt aller au renforcement des alternatives à la voiture. Pourtant certains candidat·es continuent de s’entêter ou d’entretenir le flou sur leur position, comme la liste aux élections métropolitaines ralliée par Gérard Collomb à Lyon.

La mobilisation citoyenne se poursuit

Tout au long de la campagne municipale, les militantes et militants de Greenpeace France se sont mobilisé·es dans les plus grandes villes de France pour demander aux candidat·es des engagements concrets pour lutter contre la pollution automobile, notamment en mettant en place des zones à faibles émissions ambitieuses, en réduisant le trafic routier et la place dédiée à la voiture et en développant des alternatives : transports en commun, vélo, marche, etc. Les militant·es de Greenpeace suivront attentivement la mise en place des engagements pris lors de la campagne et continueront à appeler au renforcement de l’action politique sur ces enjeux majeurs quand cela sera nécessaire. Les nouveaux élu·es devront être redevables devant la population de leur (in)action pour répondre à l’urgence climatique actuelle et rendre nos villes respirables.

De plus, à partir de ce lundi 22 juin, une nouvelle mobilisation, portée par Alternatiba et le Réseau Action Climat, a lieu autour du hashtag #UnMandatPourToutChanger. Un peu partout en France, des citoyen·nes se mobilisent pour demander des engagements concrets aux candidat·es et faire du climat et de la justice sociale les priorités transversales de l’action locale.

[1] Voir l’analyse du Réseau Action Climat sur les aménagements provisoires