Monsieur Sarkozy, quelle ambition pour la filière bois française si l'on ne lutte pas contre le commerce de bois d'origine illégale ?

Forêts

Paris, le 19 mai 2009 – Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy, Président de la République française va annoncer sa vision pour la filière bois française. WWF, Greenpeace et les Amis de la Terre l’interpellent : quelle place sera donnée à la lutte contre le commerce illégal du bois ? En effet, la France est un des principaux pays importateur de bois tropicaux, dont 39% est estimé d’origine illégale. C’est ainsi près d’un quart des importations européennes qui proviendraient de l’exploitation illégale des forêts c’est à dire ne respectant pas les lois du pays d’origine.

Or ce pillage des forêts participe à la disparition et à la dégradation des dernières forêts naturelles du monde. Il contribue aussi au changement climatique, puisque 20% des émissions de gaz à effet de serre proviennent de la déforestation. Les conséquences sur la biodiversité, mais aussi le bien-être des populations locales, sont immenses. Quant aux Etats concernés, la Banque Mondiale estime qu’ils perdent 15 milliards de dollars chaque année en taxes et revenus.

La concurrence déloyale du bois d’origine illégale accentue le dumping social et environnemental qui pénalise toute la filière bois française et récompense les mauvaises pratiques. Le bois et les produits dérivés de bois constituent le deuxième poste de déficit commercial de la France. La France a donc tout intérêt à lutter contre le commerce de bois illégal si elle veut relancer et développer une filière pourtant prometteuse.

Les députés européens ont voté le 22 avril dernier pour un renforcement de la proposition de règlementation européenne visant à garantir que seul du bois d’origine légale soit mis sur le marché européen. Il ne reste donc plus aujourd’hui qu’une seule étape : l’adoption de ce règlement au Conseil des Ministres de l’Agriculture.

Malheureusement la France ne souhaite pas un règlement trop contraignant. Sans avoir mené les expertises nécessaires, elle juge cette proposition de règlement pénalisant pour les entreprises, alors que nombre d’entre elles ont déjà mis en œuvre des démarches pour tracer et éliminer les produits d’origine douteuse. Sans l’inclusion dans ce règlement de sanctions fortes pour les contrevenants et l’obligation d’une traçabilité des bois des forêts de production jusqu’au consommateur final, le bois illégal –l’un des moteurs de la déforestation- continuera d’abonder en Europe.

Ce manque de volonté de la France est contraire à la volonté affichée du Président et du gouvernement de lutter contre la déforestation, les changements climatiques et la perte de biodiversité. Le Président de la République s’était d’ailleurs prononcé lors de son discours de clôture du Grenelle de l’Environnement pour que la France soit dorénavant « à la tête de la politique environnementale européenne, avec la Commission et le Parlement européens… ».

Les associations attendent du Président Nicolas Sarkozy un positionnement clair sur ce sujet à la hauteur de ses ambitions, qui pourrait s’intégrer dans un plan de relance de la filière bois ambitieux, promouvant l’utilisation du bois dans un contexte ou les règles seraient respectées par tous.