Loi d’accélération du nucléaire : le gouvernement atomise le débat public
Le Conseil des ministres s’est réuni aujourd’hui pour adopter le projet de loi d’accélération du nucléaire. Prétendre pouvoir accélérer une technologie qui a besoin de temps et de retour d’expérience pour se développer est un nouveau coup de bluff de la part du gouvernement. Greenpeace France dénonce une manœuvre politicienne qui vise à saboter les débats publics en cours et à mettre les citoyens et les générations futures devant le fait accompli.
Le texte de loi sur l’accélération du nucléaire devrait être adopté au premier trimestre 2023, avant même la fin du débat organisé par la Commission nationale du débat public (CNDP) sur l’éventuelle relance de la filière nucléaire française. Ce calendrier précipité bafoue l’intention démocratique du débat public.
Le gouvernement poursuit son entêtement pro-nucléaire alors que tous les scénarios et rapports du GIEC misent sur un développement massif des énergies renouvelables, et que plusieurs scénarios de RTE et de l’Ademe se basent exclusivement dessus. La France est le seul pays d’Europe à ne pas remplir ses objectifs en la matière tandis que le projet de loi d’accélération des énergies renouvelables actuellement en discussion au Sénat manque clairement d’ambition notamment au niveau de l’éolien terrestre.
“L’EPR de Flamanville, qui sert de base au modèle d’EPR2, est un véritable fiasco, après 15 ans de chantier et un coût multiplié par six, atteignant 20 milliards d’euros. Faire une loi d’accélération du nucléaire, c’est comme vouloir faire accélérer un escargot. Cette loi ne permettra pas de modifier la réalité : le développement de l’énergie nucléaire est hors-sujet et hors délai face à la crise énergétique et climatique”, déclare Pauline Boyer, chargée de campagne transition énergétique pour Greenpeace
Ce projet de loi se base notamment sur la prétendue indépendance énergétique de la France que le nucléaire permettrait d’atteindre. En réalité, l’intégralité de l’uranium est importée de pays étrangers dont la Russie (sans que la guerre en Ukraine ait changé ces pratiques) ou le Kazakhstan.
Par ailleurs pour Greenpeace France, mettre sur le même plan l’accélération du nucléaire et des énergies renouvelables est trompeur et dangereux. Le nucléaire génère des déchets qui resteront radioactifs durant des dizaines de milliers d’années et ses centrales sont vulnérables au dérèglement climatique ainsi qu’aux crises géopolitiques comme on peut le voir en Ukraine.
“Toutes nos ressources et nos efforts doivent être dès aujourd’hui déployés vers le développement de mesures impactantes qui permettent la réduction massive et rapide des émissions de gaz à effet de serre avant 2030 : les énergies renouvelables, la sobriété et l’efficacité énergétique” conclut Pauline Boyer.
Note aux rédactions : Greenpeace France et le Réseau “Sortir du nucléaire” ont déposé le 12 octobre 2022 une contribution extérieure devant le Conseil d’Etat pour dénoncer l’illégalité du projet de loi d’accélération du nucléaire.