L'Italie prend la main pour sauver le thon rouge, la France joue profil bas...

Océans

Paris, 27 janvier 2010 – L’Italie s’est prononcée hier soir d’après un article du Financial Times (1), pour le classement du thon rouge en annexe 1 de la Cites. Et pendant ce temps là, la France se tait toujours…

« L’Italie, un des premiers pays pêcheurs de thon rouge en Europe avec l’Espagne et la France avait contribué jusqu’à présent à bloquer le processus de soutien à l’annexe 1 ». explique François Chartier, chargé de campagne Océans à Greenpeace France. « Alors que Nicolas Sarkozy s’était déclaré en juillet dernier pour l’arrêt de la commercialisation de l’espèce, la France fait aujourd’hui, par son silence, bien pâle figure à côté de l’Italie… »

Un renversement dans la position de l’Italie
Antonio Buonfiglio, conseiller politique à la pêche du gouvernement italien, se déclarait hier soir dans un article du Financial Times (1) « ouvert au classement en annexe 1 ». L’Italie décrétera aussi un moratoire d’un an sur la pêche industrielle au thon rouge, avec pour effet de stopper les thoniers senneurs dès la saison de pêche 2010 (mai-juin). Ce renversement dans la position de l’Italie, qui faisait partie des 6 pays européens qui avaient refusé leur soutien à l’annexe 1 en septembre dernier, change la donne au niveau des rapports de force européens. Tôt ce matin, un vote, à valeur consultative, de la commission environnement du parlement européen conseille le classement en annexe 1 à la quasi unanimité des voix : 48 voix pour, 2 contre. La France va-t-elle être le mauvais élève de la biodiversité européenne ?

La France n’a toujours pas arbirtré…
La France ne s’est toujours pas prononcée sur son soutien au classement en annexe 1 ou 2 à la Cites en mars prochain. Alors que 65 % des Français se déclaraient, le 22 janvier, en faveur de l’interdiction du commerce international, dans un sondage commandé par Greenpeace à l’institut CSA, le gouvernement fait le mort.

« Le gouvernement français ne prend pas position dans ce débat alors que cette annonce de l’Italie pourrait changer les rapports de force, et que la France pourrait définitivement faire pencher la balance au sein de l’Union européenne. » explique François Chartier. « La France doit assumer une position claire, et prendre ses responsabilités par rapport à l’urgence de la situation ! »

Sacrifier la biodiversité pour une vingtaine de bateaux ?
Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture et de la Pêche, reste la seule voix discordante au sein du gouvernement, et réclame toujours une annexe 2, au nom d’emplois à préserver. Pourtant cette pêche n’emploie en France que 150 personnes, pour une saison de pêche d’un mois, sur les thoniers senneurs, bateaux de pêche industrielle qui concentrent la majorité du quota de pêche. Ces quelques vingt bateaux emploient fréquemment des marins du Sénégal ou du Ghana, à très faible rémunération. La pêche artisanale emploie moins de 500 personnes en Méditerranée et en Atlantique, et ne travaille pas à destination du marché international. Au total ce sont peut être quelques centaines d’emplois à plein temps dont il s’agit. Greenpeace mobilise les citoyens pour interpeller le ministre de l’agriculture sur www.greenpeace.fr/thon-rouge

« Bruno Le Maire doit admettre que cette pêche industrielle n’a pas d’avenir : que seraient les pêcheurs de thon sans thon ? » demande François Chartier « Au lieu d’accompagner ces quelques bateaux au bout d’un cul de sac, pourquoi ne pas prendre des mesures claires en faveur d’une pêche durable ? »