Les ONG écrivent leur traité de Copenhague sur le climat
Bonn, Allemagne, le 9 juin 2009 – Les experts des changements climatiques des ONG qui suivent les négociations internationales ont dévoilé lundi soir à Bonn leurs propositions pour un accord de Copenhague légalement contraignant. Ce texte, qui montre comment les différences majeures entre pays riches et pays pauvres peuvent être surmontées, servira de référence pour les gouvernements qui négocient un nouvel accord sur le climat cette année.
Il aura fallu presqu’un an aux ONG les plus expérimentées sur la question pour écrire ce “Traité de Copenhague sur le climat” de 160 pages, qui sera distribué aux négociateurs de 192 Etats. Il constitue un texte légal complet, couvrant l’ensemble des éléments nécessaires pour fournir au monde un accord équitable et ambitieux, permettant de maintenir les impacts du dérèglement climatique en deçà des niveaux de risque inacceptables identifiés par les plupart des scientifiques. Ce document inédit a été écrit par une cinquantaine d’experts de 20 pays qui ont conciliés intérêts et contraintes de ces pays pour obtenir un traité qui permette de rester sous les 2°c d’augmentation. Ce texte a pu être soumis aux délégations pour les négociations qui ont lieu à Bonn. Il a été bien accueilli par le Secrétaire Général de l’ONU sur le climat, le président de la conférence climat, et va servir de base de discussion pour les délégations, qui doivent – enfin – commencer à discuter concrètement les futurs textes de négociation.
« C’est la première fois dans l’histoire qu’une coalition des groupes issus de la société civile fait un tel pas. Ensemble nous avons produit le document légal le plus cohérent à ce jour, donnant une solution politique équilibrée et crédible fondée sur l’équité et la science », déclare Damien Demailly de WWF France.
Le document décrit le chemin que le monde doit emprunter pour éviter un dérèglement catastrophique du climat, reconnaissant que l’augmentation globale des températures doit rester en deça de de 2°C. Il met en place un plafond mondial des émissions – un budget carbone – et explique en détail comment les pays industrialisés comme les pays en développement peuvent contribuer à la sécurité de la planète et de ses habitants, selon leurs moyens et responsabilités. Il montre enfin comment les plus pauvres et les plus vulnérables sur notre planète peuvent être protégés et indemnisés.
« Nous avons placé la protection du climat en priorité. Les hommes et leur planète sont donc au centre de ce Traité. Nous devrions en attendre et demander tout autant à nos gouvernements », a déclaré Karine Gavand de Greenpeace France. « Tout ce dont nous avons besoin désormais, c’est la volonté politique ».
L’adaptation est une autre composante clef du traité qui pose les fondements d’un cadre d’action pour l’adaptation, incluant le soutien financier, un mécanisme d’assurance et un processus qui prend en considération l’indemnisation des pays les plus vulnérables.
« L’aide aux pauvres et vulnérables à faire face aux inévitables impacts des changements climatiques est cruciale. Sans un accord fort et efficace à Copenhague nous risquons de faire face à davantage de guerres pour les ressources, à des bouleversement climatiques, à l’augmentation du nombre de réfugiés et à des catastrophes naturelles dans un futur très proche », ajoute Karine Gavand.
Le Traité appelle à un accord légalement contraignant en trois parties: le Protocole de Kyoto, actualisé pour renforcer les obligations des pays industrialisés ; un nouveau Protocole de Copenhague avec des engagements légalement contraignants pour les Etats-Unis et qui établir des trajectoires pour les pays en développement, soutenus par le monde industrialisé ; une série de décisions qui organise le travail préparatoire pour les trois prochaines années.
Le « Traité de Copenhague pour le climat » a été écrit par Greenpeace, le WWF, IndyACT, la Ligue des activistes indépendants, Germanwatch, la Fondation David Suzuki, le Centre national écologique d’Ukraine et des experts individuels du monde entier.
Note :
Le Traité de Copenhague sur le climat inclut :
– Le budget carbone annuel pour l’ensemble des sources de gaz à effet de serre (à l’exclusion de ceux considérés par le Protocole de Montréal). D’ici à 2020 ce budget ne devrait pas dépasser 36.1 Gt de CO2e, ramenant les émissions à leur niveau de 1990 et devrait être réduit à 7.2 en 2050, autrement dit à -80% par rapport aux niveaux de 1990.
– Une proposition de nouvelle institution – le Comité climat de Copenhague – pour gérer les processus de réduction des émissions, l’adaptation et la protection des forêts dans le cadre du nouveau traité mondial.
– L’enregistrement des plans d’action à long terme pour les pays industrialisés (Plans d’action zéro carbone) et pour les pays en développement (Plans d’action sobres en carbone).
– Des engagements contraignants pour les pays nouvellement industrialisés comme Singapour, la Corée du Sud et l’Arabie Saoudite en accord avec le principe de la Convention de responsabilité commune mais différenciée et de capacités respectives.