L'Ademe confirme que les agrocarburants constituent une aberration pour le climat
Paris, le 8 avril – Suite à la parution de l’étude réalisée par l’Ademe et analysant le cycle de vie des agrocarburants de première génération, Les industriels (éthanoliers et agrodiesel) ont réagi en ne gardant que ce qui les arrange et de façon triomphaliste… Quelques précisions s’imposent.
Une étude non exhaustive…
Contrairement à l’engagement pris lors du Grenelle de l’environnement de réaliser une étude « exhaustive et contradictoire », le document publié aujourd’hui par l’Ademe n’est pas complet.
En effet, cette étude ne prend pas en compte l’élément essentiel de l’impact social, environnemental et climatique de la culture des matières premières agricoles nécessaires : le changement d’utilisation du sol.
Par exemple, l’étude ne prend pas en compte les effets de la conversion d’une forêt tropicale en plantation, palmier à huile ou soja (changement d’affectation du sol direct) ; ni la conversion d’une surface dédiée à la culture alimentaire en culture énergétique, qui entraînera la mise en culture de nouvelles surfaces pour compenser (changement d’affectation indirecte).
Ainsi, on ne peut tirer aucune conclusion des bilans partiels et trompeurs présentés, en l’absence de prise en compte du changement d’affectation des sols.
Une lacune fondamentale reconnue par l’Ademe qui appelle d’ailleurs à… de nouvelles études complémentaires.
… qui prouve tout de même l’aberration que constituent les agrocarburants pour le climat !
L’étude donne cependant des indications partielles sur l’impact de ce changement d’affectation des sols sur le bilan climatique (émissions de gaz à effet de serre comparées aux émissions des carburants fossiles) des agrocarburants, sur certaines filières comme l’huile de palme et le soja.
Pour ces filières, la prise en compte du changement d’affectation des sols (donc le bilan exhaustif du cycle de production) rend la culture énergétique très largement plus émettrice que le carburant classique (fossile) qu’il est censé remplacer!
En conclusion, en dépit d’une présentation biaisée et d’une analyse partielle, la lecture attentive de l’étude de l’Ademe confirme ce que disent les ONG environnementales et de développement depuis des années : un bilan réellement exhaustif du cycle de production des agrocarburants conclut à un bilan gaz à effet de serre très largement négatif, en sus des aberrations environnementaux (érosion de la biodiversité), sociaux (insécurité alimentaire des populations du sud) et économiques (subventions publiques) bien connues imputables à cette industrie.