La Commission européenne annonce un deuxième recul du règlement contre la déforestation
La Commission européenne a annoncé ce mardi qu’elle allait une nouvelle fois reporter l’application du règlement européen sur la déforestation. En conséquence, elle laisse la voie libre aux entreprises qui tirent profit de la destruction de la nature ; les consommateurs et consommatrices européens continueront eux à contribuer involontairement à la destruction d’habitats précieux à travers la planète.
Cette loi vise à réduire l’empreinte mondiale de l’Union européenne en matière de déforestation en réglementant les importations d’un certain nombre de produits de base (bétail, cacao, café, huile de palme, caoutchouc, soja et bois) qui sont les principaux facteurs de déforestation, de dégradation des forêts et de violations des droits humains, en Europe et ailleurs. Elle exclurait donc les matières premières et les produits dérivés du marché européen, à moins que les entreprises puissent prouver au préalable que son produit n’est pas issu de la déforestation et qu’elles respectent les législations en vigueur dans les pays de production.
L’application de la loi avait déjà été reportée d’un an en décembre 2024.
Pour Andrea Carta, juriste de Greenpeace Europe : « La décision de la Commission est scandaleuse : pendant que l’Union européenne tergiverse, les forêts du monde continuent de brûler, entraînant l’extinction d’espèces, une accélération du dérèglement climatique et des violations des droits humains. La Commission a montré au monde entier qu’elle est l’otage des industries et de leurs alliés politiques, qui sont déterminés à tirer le maximum de profit de la destruction de la nature. »
Clément Helary, chargé de campagne forêts à Greenpeace France, ajoute : «La France a été fer de lance dans la construction et l’adoption de ce règlement européen contre la déforestation. Elle doit reprendre son rôle de leader et défendre cette législation qui vise à protéger les forêts européennes et mondiales, alors qu’elles subissent plus que jamais les effets du changement climatique et la prédation de l’industrie. Il est plus qu’urgent d’agir».
Cette décision intervient un peu plus d’un mois avant l’ouverture de la conférence mondiale sur le climat (COP 30) au Brésil, où la question de la protection des forêts sera au cœur des discussions et où l’Union européenne compte jouer un rôle clé pour garantir des progrès.
La Commission vient de finaliser les négociations commerciales avec l’Indonésie, premier exportateur mondial d’huile de palme, une culture longtemps associée à une déforestation massive, et peu après la clôture de la consultation de la Commission sur le projet dit « omnibus environnemental », une initiative qui menace de détricoter les lois environnementales de l’UE sous prétexte de « simplification ».