Japon : les risques nucléaires s’enchaînent

Climat

Paris, le 13 mars 2011, 17h – Alors que les Japonais vivent des heures dramatiques et que de nouvelles répliques sismiques puissantes sont attendues dans les jours qui viennent, la situation ne s’améliore pas sur le front nucléaire. Alors que le Japon a malheureusement bien d’autres plaies à panser, le nucléaire est même devenu la préoccupation principale. En plus des problèmes majeurs que connait la centrale de Fukushima Daiichi, à 100 km plus au nord, la région de la centrale d’Onagawa vient d’être placée en état d’urgence pour cause de niveaux de radioactivité élevés.

« La situation au Japon reste extrêmement critique, alors que les responsables politiques français ergotent entre « catastrophe » et « accident » nucléaire, et défendent aveuglément la technologie nucléaire à la française. C’est parfaitement déplacé, vu les risques et les menacent qui pèsent toujours sur la population japonaise« , déclare Sophia Majnoni, en charge de la campagne Nucléaire pour Greenpeace France.

La bataille du refroidissement est loin d’être gagnée

Geste désespéré, les autorités japonaises ont décidé de sacrifier leurs réacteurs en surchauffe et d’utiliser de l’eau de mer pour tenter de les refroidir. Une méthode jamais testée et qui peut comporter des risques : en s’évaporant, l’eau de mer dépose du sel, qui risque de se concentrer sous forme d’une croûte et d’empêcher l’eau de refroidissement de continuer à circuler…

La température du réacteur n°1 de la centrale de Fukushima Daiichi n’est toujours pas stabilisée. Et le réacteur n°3 connaît aussi de graves problèmes de refroidissement. Or ce réacteur n°3 fonctionne avec du Mox, un combustible composé de plutonium. Si une fuite survient, le potentiel de rejets radioactifs sera deux fois plus important que pour un autre type de réacteur.

On doit tirer les leçons de la catastrophe japonaise !

On nous a expliqué que la catastrophe de Tchernobyl, survenue il y a vingt-cinq ans, s’est produite à cause des insuffisantes normes de sûreté des centrales soviétiques. Mais on voit qu’aujourd’hui, le Japon, pays au nucléaire réputé très sûr, connaît aujourd’hui un risque nucléaire très élevé.

« Il paraîtrait impensable qu’après ce qui se passe actuellement au Japon, les pays nucléarisés ne stoppent pas leurs projets et ceux qui fabriquent et vendent cette technologie ne revoient pas leurs positions« , note Sophia Majnoni. « Comment la France pourrait-elle continuer à promouvoir cette énergie comme étant sans risque, en particulier auprès de pays en développement aux normes de sûreté très discutables ? »

Des projets fous prévus un peu partout dans le monde

Au Japon : plus d’une vingtaine de réacteurs étaient jusqu’à présent envisagés…

En Inde : la France tente d’implanter deux réacteurs EPR à Jaitapur, une région traversée par trois failles tectoniques et susceptible de connaître des séismes d’une magnitude de 7. Rappelons que le réacteur EPR, développé par Areva, est conçu pour utiliser jusqu’à 100 % de Mox.

Au Brésil : le réacteur d’Angra 3, à 150 km de Rio de Janeiro, ne correspond pas aux normes de sûreté adoptées suite aux accidents de Three Mile Island et Tchernobyl.

En Bulgarie : à Béléné, un projet de centrale sur une faille sismique doit voir le jour depuis plusieurs années mais a des problèmes de financement liés aux risques qu’il présente. Areva a pourtant récemment souhaité relancer ce projet.

Libye, Maroc, Algérie, Égypte : a posteriori, de tels projets font froids dans le dos. Bien sûr à cause du contexte politique, mais aussi à cause des problèmes de refroidissement absolument insolubles qui se poseraient en plein désert !

En Chine : plus de 27 réacteurs sont en construction ou en projet (dont 2 EPR à Taishan) sans qu’aucune information ne soit accessible sur l’état des contrôles de sûreté.