Greenpeace remet un rapport confidentiel sur la vulnérabilité des centrales françaises face aux drones

Climat

Paris, le 24 novembre 2014 – A l’occasion de son audition par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) cet après-midi, Greenpeace va remettre aux autorités (1) un rapport confidentiel sur la vulnérabilité des centrales nucléaires françaises face aux intrusions et attaques de drones. Ce rapport a été rédigé par John Large, ingénieur consultant en sûreté nucléaire, également auditionné par l’OPECST aujourd’hui. Greenpeace a choisi de ne pas rendre public ce rapport. Il s’agit d’éviter que certaines des informations sensibles qu’il contient soient accessibles à des personnes mal intentionnées.

« Dans cette histoire de survols de drones, les autorités hésitent entre garder le silence et minimiser le risque« , déclare Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace. « ‘Dormez braves gens, il n’y a aucun risque’ croit-on entendre comme au temps où le nuage radioactif de Tchernobyl s’arrêtait à nos frontières.
Les drones se jouent facilement des lignes de défense des centrales et mettent en lumière la vulnérabilité intrinsèque de nos vieilles installations nucléaires, poursuit-il. Le plus grand danger provient d’un ciblage malveillant de la piscine de désactivation du combustible nucléaire irradié. C’est ce que montre ce rapport. Nous espérons qu’il provoquera enfin chez les autorités un changement d’attitude à la hauteur de cette nouvelle menace.
 »

Des scénarios d’utilisation malveillante des drones

L’auteur de ce rapport se base sur l’examen des différents modèles et capacités de drones actuellement disponibles, ainsi que sur les failles et les vulnérabilités des centrales nucléaires en exploitation telles que décrites publiquement par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Le lien qu’il établit entre ces éléments est édifiant : contrairement à ce qu’affirment les autorités françaises, différents scénarios d’utilisation malveillante des drones contre des équipements insuffisamment protégés font courir un risque de rejet radioactif majeur.

Une réaction rapide et responsable attendue

Cette situation, qui constitue pour Greenpeace une préoccupation majeure, appelle une action rapide et responsable de la part des acteurs concernés. Plus précisément, Greenpeace demande:

– au gouvernement : un renforcement des compétences et des moyens de l’ASN afin de lui confier la mission de veiller à la robustesse intrinsèque des installations nucléaires aux actes de malveillance ;

– à EDF : d’accomplir un effort urgent pour réduire la vulnérabilité des piscines de désactivation des centrales, comportant deux volets.
Le premier est la réduction significative de la quantité de combustible entreposée dans ces piscines. Le deuxième volet est le renforcement des dispositifs de sûreté attachés à ces piscines et notamment la « bunkerisation » de l’enceinte de ces bâtiments.

(1) ce rapport a été remis aux présidents de l’ASN et de l’IRSN ; à certains membres du gouvernement (Premier ministre, ministres de l’Ecologie et de l’Energie, ministre de l’Intérieur) et à leurs hauts fonctionnaires de défense et de sécurité respectifs ; au président de l’OPECST ; ainsi qu’à leurs homologues allemands, belges et luxembourgeois.