Greenpeace prend position en mer pour défendre le thon rouge

Océans

La Valette, Malte, le 18 mai 2010 – Le Rainbow Warrior, le navire amiral de Greenpeace, vient de quitter le port maltais de La Valette afin de se rendre sur les zones de pêche au thon rouge en mer Méditerranée. Le 12 mai, des militants s’étaient déjà opposés au départ des thoniers senneurs du port de Frontignan (Hérault). Et le 15 mai, d’autres militants intervenaient à Cannes, sur une plage, en plein festival, pour dénoncer l’ouverture de la saison de pêche au thon rouge.

« Greenpeace doit tout mettre en œuvre afin de défendre le thon rouge, cette espèce au bord de la disparition, déclare François Chartier, responsable de la campagne Océans de Greenpeace France. Nous devons intervenir parce que l’Iccat, la Cites, l’Union européenne et la France ont failli à leur mission et restent sourdes aux recommandations des scientifiques. Si nous voulons sauver le thon rouge, il faut immédiatement stopper des pratiques de pêche irresponsables et destructrices. »

Le problème : une pêche intensive, mal gérée, non durable

– La pêche au thon rouge est une industrie : des bateaux suréquipés traquent les thons venus d’Atlantique en Méditerranée pour se reproduire. Les industriels les capturent à l’aide d’un long filet, la senne, avant de les remorquer, vivants, jusqu’aux fermes d’engraissement principalement situées vers Malte. Là, les thons, destinés à 80 % au marché japonais, sont gavés puis abattus, congelés et expédiés au Japon.

– Les pêcheurs sont censés respecter des quotas, qui baissent chaque année mais demeurent bien au-delà des recommandations des experts. Le quota accordé pour 2010 s’élève à 13 500 tonnes, alors que les scientifiques de l’Iccat, l’organisation qui gère la pêche du thon rouge, estiment qu’avec une limite à 8 000 tonnes, on aurait seulement une chance sur deux de voir le stock se reconstituer d’ici à 2022. De plus, ces quotas ne sont pas respectés. En 2007, les thoniers senneurs français ont ainsi pêché 10 000 tonnes au lieu des 5 000 autorisées. Par ailleurs, certains armateurs opèrent sous des pavillons de complaisance, en particulier libyens. Ils peuvent ainsi pêcher dans les eaux libyennes, échapper aux contrôles et dépasser leurs quotas.

Il y a urgence : -80 % de thons en vingt ans

Au cours des vingt dernières années, le nombre de thons rouges adultes a chuté de 80 %. Les poissons que l’on observe désormais sont essentiellement de jeunes spécimens, qui ne peuvent pas participer à la reconstitution des stocks. L’espèce pourrait ne plus être en mesure de se reproduire et de tenir sa place dans l’écosystème dès 2012. Et tout se joue peut-être cette année ! Souvenons-nous de la morue de Terre-Neuve. Pêché depuis des siècles, ce poisson a presque disparu à cause de l’essor de la pêche industrielle, malgré les alertes des scientifiques. En 1991, 180 000 tonnes de morue ont été capturées, ce qui a fait dire aux pêcheurs que l’espèce n’était pas menacée. Le Canada a fini par suspendre cette pêche en 1992, pour l’interdire en 2003. Trop tard : le stock n’est toujours pas reconstitué à ce jour.

La solution : moratoire sur la pêche et réserves marines

Pour le thon rouge, la France doit se calquer sur la position de l’Italie, qui a imposé un moratoire à ses thoniers senneurs et les indemnisera pour qu’ils restent à quai. En un sens, les pêcheurs sont victimes d’une gestion des pêches absurde. Il faut inscrire de l’emploi durable dans une pêche durable. Greenpeace demande un moratoire immédiat sur la pêche au thon rouge et la création de réserves marines, notamment sur la zone des Baléares où cette espèce se reproduit. Ainsi, le stock pourra se reconstituer et l’espèce pourra survivre.

Ce que va faire Greenpeace : comme chaque année, surveiller et agir

Greenpeace mène campagne pour la défense du thon rouge depuis une dizaine d’années. Depuis cinq ans, l’organisation met en œuvre son expertise et son savoir-faire pour surveiller les pratiques de pêche en Méditerranée et être en capacité d’intervenir. Plus d’infos et nos actualités sur www.greenpeace.fr/thon-rouge