Greenpeace installe des capteurs de radioactivité en Ukraine

En réponse au risque d’une contamination majeure et catastrophique provenant des centrales nucléaires ukrainiennes, les bureaux de Greenpeace Allemagne et de Greenpeace Europe de l’Est et Europe centrale, en partenariat avec l’ONG environnementale locale SaveDnipro, ont installé de nombreux capteurs pour surveiller les niveaux de radioactivité et fournir des informations essentielles en cas de rejet important. La guerre menée par la Russie contre l’Ukraine augmente le risque de catastrophe nucléaire. Après une visite à Tchernobyl, Zaporijia et dans d’autres régions du sud de l’Ukraine, Greenpeace demande donc instamment que l’Union européenne prenne des sanctions immédiates contre l’entreprise nucléaire russe Rosatom

L’occupation illégale de la centrale nucléaire de Zaporijia en mars 2022 par Rosatom et les forces armées russes a rendu la centrale particulièrement vulnérable à de graves dommages. Le ciblage du secteur énergétique ukrainien par la Russie augmente encore le risque de catastrophe nucléaire, non seulement à la centrale nucléaire de Zaporijia, mais aussi dans d’autres réacteurs nucléaires en activité. En mars 2022, les forces armées russes ont tenté de s’emparer de la centrale nucléaire du sud de l’Ukraine, dans la région de Mykolaïv, mais elles ont été arrêtées par l’armée ukrainienne à 30 km de l’installation. En outre, il y a trois semaines, des attaques de missiles à proximité de la centrale nucléaire de Khmelnitski ont endommagé les bâtiments administratifs du site.

« À l’approche de l’hiver, le risque de catastrophe nucléaire augmente chaque jour. Il est scandaleux que Rosatom soit encore traité par certains États de l’UE comme un partenaire commercial respecté plutôt que comme un maître chanteur criminel, a déclaré Shaun Burnie, spécialiste du nucléaire chez Greenpeace et présent en Ukraine. Il est grand temps d’imposer à l’industrie nucléaire russe des sanctions globales. Les entreprises européennes, telles que Framatome et Siemens, et les gouvernements qui entretiennent des liens commerciaux étroits avec Rosatom, comme la France et la Hongrie, alimentent directement la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine et son peuple. Des sanctions doivent être imposées pour mettre fin au commerce nucléaire avec la Russie », a ajouté M. Burnie.

Les demandes de sanctions contre Rosatom, soutenues par les autorités ukrainiennes et cinq États membres de l’UE, ont été constamment bloquées par l’industrie nucléaire et les gouvernements des pays où elle est implantée. L’urgence de la situation, mise en évidence par le manque de sécurité des centrales nucléaires et la menace potentielle d’une catastrophe nucléaire, souligne la nécessité de sanctions immédiates.

Des capteurs de radioactivité à Zaporijia, Youjnooukraïnsk, Odessa, Taroutyne, Youjné et Ouman

Pendant l’occupation de la centrale de Zaporijia par les forces russes, les protocoles de sûreté et de sécurité ont été violés, et la possibilité d’une contamination radioactive délibérée a augmenté après la destruction du barrage de Nova Kakhovka en juin 2023. Les procédures d’intervention d’urgence et de gestion de la sécurité ne fonctionnent plus, et les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) présents sur le site ne fournissent que très peu d’informations. La menace de nouvelles actions destructrices et de crimes de guerre environnementaux de la part des forces russes, ainsi que le risque permanent de perte d’approvisionnement en électricité, mettent en péril l’ensemble de la région, le pays tout entier et potentiellement les pays voisins.

Les capteurs de radioactivité installés par Greenpeace et SaveDnipro ont pour but d’alerter précocement en cas d’augmentation du rayonnement gamma, dans l’éventualité d’une nouvelle catastrophe nucléaire en Ukraine. Les capteurs indiquent les niveaux de radiation en temps réel via une carte en ligne disponible sur le site SaveEcoBot. Ils ont été placés stratégiquement dans les villes de Zaporijia, Youjnooukraïnsk, Odessa, Taroutyne, Youjné et Ouman. Ils ont été installés après discussion et approbation par les autorités régionales responsables de la planification des urgences nucléaires.

« Nos détecteurs de radioactivité ne peuvent pas arrêter les radiations, mais ils peuvent fournir des informations essentielles qui pourraient sauver des vies dans l’éventualité d’une catastrophe nucléaire délibérée. Après avoir écouté les autorités locales et les responsables politiques du sud de l’Ukraine, et après avoir été témoins de leur ténacité, Greenpeace est profondément engagée dans son travail de soutien à la population ukrainienne. En travaillant main dans la main avec les autorités et les organisations locales, nous renforçons notre capacité à surveiller les risques de catastrophe nucléaire et à y répondre ensemble », a déclaré Jan Vande Putte, spécialiste des radiations à Greenpeace, également présent en Ukraine. 

Les capteurs de radioactivité de Greenpeace et de SaveDnipro, ainsi que les recommandations en cas d’urgence radiologique, viennent compléter les mesures des autorités locales et des services d’urgence, offrant ainsi un niveau de protection supplémentaire à la population locale.

« Au cours des 20 derniers mois de guerre totale, les forces russes ont attaqué à plusieurs reprises les installations nucléaires ukrainiennes et diffusé de fausses informations sur les niveaux de radiation en Ukraine. Cette situation a suscité des inquiétudes au niveau mondial concernant la radioprotection dans le pays. Pour y remédier, il est nécessaire de développer des réseaux en ligne indépendants et une surveillance plus transparente des radiations par le biais de projets citoyens tels que SaveEcoBot. Ces mesures peuvent contribuer à rassurer le public sur les niveaux normaux de radiation en Ukraine et, en cas de menaces potentielles, fournir au gouvernement davantage de données pour la prise de décision », a déclaré Pavlo Tkachenko, directeur technique et cofondateur de SaveDnipro. 

 

À propos de SaveDnipro

SaveDnipro est une organisation ukrainienne non gouvernementale qui défend les droits des citoyens à un environnement propre et sûr depuis 2017. SaveDnipro promeut activement la mise en œuvre de réformes environnementales et la diffusion d’informations écologiques socialement importantes. Le projet, SaveEcoBot, est une start-up technologique à but non lucratif qui vise à protéger la population contre la pollution de l’air, à l’informer sur la radioactivité, à la sensibiliser à l’environnement et à lui donner des outils pour protéger ses droits constitutionnels en Ukraine.