Greenpeace dévoile la réalité de la pêche thonière en images

Océans

Paris, le 21 octobre 2014 – Greenpeace dévoile aujourd’hui des images prises par des pêcheurs embarqués sur des thoniers industriels, qui nous ont été transmises par des lanceurs d’alerte travaillant pour cette industrie. Elles montrent les prises accessoires (requins, tortues, raies), prises lors des campagnes de pêche à bord de ces navires, espagnols et français, qui approvisionnent les grandes marques européennes de thon en boîte, telle que Petit Navire en France.

Pour visionner le montage
Pour télécharger les images brutes/ news edit

« Nous avons sélectionné les images les plus marquantes parmi des heures de film, en privilégiant les plus récentes. Certaines datent de l’année dernière » explique Hélène Bourges, chargée de campagne océans à Greenpeace. « Ces images montrent que les prises accessoires, ces espèces non visées mais capturées, et rejetées à la mer mortes ou mourantes, sont bel et bien aujourd’hui une réalité. »

Les « prises accessoires », une réalité due à l’usage des DCP

L’approvisionnement des plus grandes marques repose sur une pratique de pêche destructrice, le dispositif de concentration de poissons. C’est un objet artificiel flottant, qui permet aux poissons de s’abriter. Tout un écosystème s’agrège autour de ce dispositif, autour duquel les thoniers industriels déploient un filet de plusieurs kilomètres de long, la senne, qui remonte tout. Y compris les espèces menacées qui gravitent autour (requins, tortues, raies), et les jeunes thons qui n’ont pas encore pu se reproduire et donc contribuer au renouvellement du stock, accentuant encore la menace de surexploitation. Au niveau mondial, la pêche thonière tropicale sur DCP génère 2 à 4 fois plus de prises accessoires que la même pêche sans DCP, autour de 7% de ce qui est pris de l’aveu même des marques de thon en boîte, soit 100 000 tonnes par an, ou de quoi remplir 625 millions de boîte de thons !

Les marques de thon en boîte doivent choisir du thon sans DCP

Certains armements, comme les français, reconnaissent qu’il y’a un problème et sont dans une démarche de progrès : ils limitent le nombre de DCP actifs à 150 par bateaux et pratiquent également la pêche sans DCP, dite sur bancs libres. En revanche, d’autres armateurs notamment espagnols, ne limitent pas l’usage de leurs DCP, et peuvent en déployer jusqu’à plusieurs centaines par navire. Il n’y a pas de règlementation pour en limiter l’usage. L’aval de la filière, les marques de thon en boîte, ont donc un rôle crucial à jouer, en prenant l’engagement de ne s’approvisionner qu’en thon pêché sans DCP. C’est déjà le cas des marques sœurs de Petit Navire, en Italie et au Royaume Uni par exemple, mais pas en France.

« Nous avons calculé que le volume des prises accessoires générées par l’approvisionnement de Petit navire, marque leader sur le marché français, avoisine les 2000 tonnes par an. » souligne Hélène Bourges « Près de 35000 Français leur ont d’ores et déjà envoyé un email pour leur demander d’arrêter cette pêche destructrice, qui compromet d’ailleurs la pérennité de leur activité. Nous attendons de pouvoir discuter d’un engagement sérieux avec eux, pour que Petit Navire cesse de s’approvisionner en thon pêché avec des DCP ».