G7 : E. Macron fait parler la poudre (de perlimpinpin) sur le climat

Climat, Forêts, Océans

Le sommet du G7 à Biarritz se conclut ce soir par un nouvel échec de la diplomatie climatique. Emmanuel Macron a surtout fait émerger des initiatives anecdotiques, qui dissimulent mal son échec sur la rehausse des objectifs climatiques des pays du G7, et sa propre inaction en France.

« Aucune vision globale sur la lutte contre le changement climatique ne se dégage de ce sommet entre les chefs d’Etats les plus puissants du monde : le climat n’est même pas mentionné dans la déclaration finale », explique Clément Sénéchal, chargé de campagne Climat et Forêts à Greenpeace France.

Ce G7 n’aura pas été l’occasion pour les Etats membres du G7 de revoir drastiquement à la hausse leurs objectifs de réduction de gaz à effet de serre ou d’avancer sur la sortie des énergies fossiles. Ce silence est particulièrement inquiétant, alors que les engagements climatiques des Etats nous conduisent actuellement tout droit à une hausse globale des températures de 3 à 4°C.

Lutte contre les incendies en Amazonie

Emmanuel Macron a fait le choix de mettre les incendies en Amazonie au cœur des discussions de ce G7. Or, la réponse n’est pas à la hauteur de l’urgence et de l’ampleur de ce désastre environnemental. « Les soutiens financiers sont importants mais ils n’empêcheront pas la catastrophe de se reproduire. Des politiques structurelles sont nécessaires. La France est un pompier pyromane : elle contribue directement à la déforestation et aux incendies en Amazonie par ses importations de soja, destinés à l’alimentation animale », analyse Clément Sénéchal.

Pour aller au-delà des grandes déclarations, la priorité d’Emmanuel Macron devrait être de rompre avec l’élevage industriel pour amorcer la transition agroécologique indispensable à la lutte contre le changement climatique.

La France doit également mettre en œuvre au plus vite la Stratégie Nationale contre la Déforestation Importée (SNDI), qui reste pour le moment une simple déclaration de bonnes intentions, sans mesures contraignantes pour le secteur privé.

Accords de commerce internationaux

Emmanuel Macron a eu beau jeu d’annoncer ne plus pouvoir soutenir l’accord UE-Mercosur en l’état du fait de “l’inaction de Jair Bolsonaro face au changement climatique”. Cette annonce apparaît tardive et opportuniste.

Cela fait des années que les ONG alertent sur les dangers de cet accord pour la forêt amazonienne, Bolsonaro ou pas, et la France a soutenu sa signature par l’Union européenne en juillet dernier.

Pour Clément Sénéchal, « si Emmanuel Macron veut être cohérent et limiter les impacts climatiques du commerce international, il doit maintenant stopper la ratification du CETA en France. En l’état, le texte ne contient aucune garde-fou climatique, contrairement aux promesses de l’exécutif ».

Contribution de la France au Fonds vert

Le doublement de la contribution française au Fonds vert est la seule annonce concrète sur le climat. Reste à savoir s’il s’agira bien de 2 milliards de dons et non de prêts, un tour de passe-passe dont la France est coutumière.

Protection des océans

Évoqué en ouverture de sommet par le Président français, l’appel de l’océan s’est résumé à une annonce floue sur la réduction de la vitesse des transporteurs maritimes. Cette mesure paraît dérisoire au regard des négociations en cours à l’ONU sur la protection de la haute mer.

La France possède le deuxième domaine maritime mondial et a un rôle important à jouer. Ces négociations sont l’occasion pour elle de prendre un engagement concret, de faire preuve de courage politique pour faire de ce traité un texte qui sera assez ambitieux et permettra la création d’un réseau de réserves marines sur au moins 30% des océans d’ici à 2030.