Fukushima, une catastrophe qui remet en cause le nucléaire, à commencer par l’EPR

Climat

Paris, le 12 avril 2011 – Ce matin, l’Autorité de sûreté nucléaire japonaise a finalement classé l’accident de Fukushima au niveau 7 de l’échelle Ines. Il s’agit du niveau maximum de cette échelle, celui où est placé Tchernobyl. Les conséquences environnementales et sanitaires définitives de Fukushima ne peuvent encore être évaluées, la catastrophe étant toujours en cours. Et il s’échappe en permanence de la centrale d’importants rejets radioactifs dans l’atmosphère. Il y a trois semaines, l’IRSN déclarait d’ailleurs que la quantité de radioactivité déjà rejetée dans l’atmosphère était l’équivalent de 10 % de celle rejetée à Tchernobyl.

« La situation de la centrale japonaise nous rappelle que l’énergie nucléaire est extrêmement dangereuse« , déplore Sophia Majnoni, chargée de campagne nucléaire pour Greenpeace. « Le Japon est une grande puissance nucléaire dotée d’une autorité de sûreté compétente. L’un des enseignements que l’on peut d’ores et déjà tirer de Fukushima, c’est que le nucléaire sûr n’existe pas. »

Mauvaise nouvelle : EPR ou pas, le nucléaire sûr n’existe pas

Depuis le début de cette catastrophe nucléaire, les membres du gouvernement et le chef de l’État n’ont cessé de tenter de rassurer les Français sur le niveau de sûreté de leurs centrales, en particulier celui du futur réacteur EPR. Or ce nouveau réacteur dont on nous vante la sûreté n’est pas actuellement en fonctionnement.

Deux chantiers sont en cours en Europe : l’un en Finlande, l’autre en France à Flamanville (Manche). Le premier a pris quatre ans de retard et le second deux ans, pour le moment. Et les coûts ont explosé : 2,7 milliards d’euros de dépassement pour le chantier finlandais, et minimum 2,3 milliards d’euros pour le français.

La semaine dernière le président de l’Autorité de sûreté nucléaire, André-Claude Lacoste, pointait du doigt quatre failles importantes de sécurité de l’EPR, en relation directe avec la situation de Fukushima. Ainsi, la salle de contrôle de la future centrale est trop proche du réacteur, cela poserait des problèmes en cas d’accident comme c’est le cas à Fukushima. De ce fait, l’ASN « envisage » de mettre en place un moratoire sur la construction de ce nouveau réacteur en France.

« Nos dirigeants ne tirent aucune conséquence de Fukushima« , ajoute Sophia Majnoni. » Le futur réacteur EPR ne sera pas plus sûr que les autres, l’ASN remplit parfaitement sa mission en alertant les autorités publiques. Le gouvernement doit arrêter de construire et d’essayer de vendre partout dans le monde ce nouveau réacteur qui, comme toute installation nucléaire, est générateur de risques immenses et incontrôlables. »

La France est engagée dans plusieurs projets EPR à travers le monde, dont un en Inde à Jaitapur, où deux EPR risquent d’être construits sur… une faille sismique !

Bonne nouvelle : on peut se passer du nucléaire

Cela fait quarante ans que les gouvernements de tous les bords font croire aux Français que l’énergie nucléaire est indispensable et que le risque pris est faible et justifié. Mais en réalité, il est possible de faire sans le nucléaire (c’est ce que font déjà bon nombre de pays). La France peut et doit se doter d’un système énergétique propre et sûr. Cela passe avant tout par une décision politique.

« Dans les années 1970, suite à une décision politique, la France a développé en une vingtaine d’année le deuxième parc nucléaire mondial. Cette énergie est la plus compliquée, la plus chère et la plus dangereuse à mettre en place. Elle implique aussi une forte dépendance énergétique : la France importe 100 % de l’uranium, le combustible des centrales, et autant de pétrole que ses voisins européens« , rappelle Sophia Majnoni. « La France doit aujourd’hui se montrer aussi ambitieuse qu’il y a quarante ans, et se doter d’un système énergétique moderne, décentralisé et renouvelable, apte à répondre au défi énergétique et climatique qui nous attend.«