Fukushima, deux mois après : et si la BNP préparait la prochaine catastrophe nucléaire ?

Climat

Paris, 11 mai 2011 – Pour marquer les deux mois de la catastrophe de Fukushima, Greenpeace a livré à une cinquantaine de rédactions parisiennes et de responsables politiques de tous bords, la réplique d’un gâteau géant (3m sur 3) offert aux actionnaires de la BNP, réunis aujourd’hui en assemblée générale au Palais des congrès de Paris.

Pourquoi cibler la BNP ?

« Si Areva et EDF sont les acteurs connus de la filière, ils ne sont que la face visible de l’iceberg, explique Sophia Majnoni, en charge du nucléaire à Greenpeace France. De nombreux complices permettent, dans l’ombre, à cette industrie dangereuse de prospérer. Les financeurs, au premier plan, doivent prendre leurs responsabilités et ne financer que des projets dont ils sont prêts à mesurer et à en assumer les risques. »

La BNP : première banque au monde à financer le nucléaire

BNP est la première banque au monde à financer l’industrie nucléaire, avec au moins 13,5 milliards d’euros investis entre 2000 et 2009. Plus d’un tiers de ce montant (5 milliards d’euros) était destiné à EDF (premier exploitant nucléaire mondial détenu à 87 % par l’État français). Parmi sa clientèle nucléaire, on trouve aussi Areva, le belge Electrabel ou Tepco, la compagnie japonaise qui exploite la centrale de Fukushima.

Le financement de projets nucléaires repose sur un dispositif qui favorise une totale irresponsabilité : la banque débloque des fonds mesurer le risque financier. Pourquoi ? Simplement parce qu’elle n’aura pas à l’assumer, grâce au mécanisme de « crédit-export » qui transfère la prise en charge du risque, de la banque vers l’État.

« Dans le cas des exportations d’EPR, l’État français va assumer le risque financier lié au projet à la place de la banque, précise Sophia Majnoni. La banque prête donc de l’argent pour la réalisation du projet, mais n’en assumera jamais les risques : elle finance à l’aveugle des projets dangereux, et touche le jackpot ! »

Le nucléaire sûr n’existe pas, d’autant moins sur une faille sismique en Inde !

Les financeurs agissent donc de façon totalement irresponsable. BNP est ainsi la principale banque impliquée dans le prêt de plusieurs milliards d’euros qui financera 70 % de la vente des 2 premiers réacteurs EPR sur les 6 prévus en Inde, dans la région de Jaïtapur. Cette zone est traversée par trois failles tectoniques. Entre 1990 et 2000, pas moins de 3 séismes s’y sont produits, tous d’une magnitude supérieure à 5 sur l’échelle de Richter. La zone de Jaïtapur est classée à l’échelon 4 sur 5 sur l’échelle indienne du risque sismique, avec des séismes pouvant atteindre une magnitude de 7.

« L’opposition de la population sur place, principalement des agriculteurs et des pêcheurs, est massive : dans une région au risque sismique élevé et abritant une biodiversité exceptionnellement riche, ils vivent dignement des ressources naturelles (culture de la mangue, pêche artisanale) et ne veulent pas d’une centrale nucléaire, décrit Sophia Majnoni. La catastrophe de Fukushima, en cours depuis aujourd’hui deux mois, rend d’autant plus scandaleuse et inacceptable l’implication de la BNP dans le projet d’EPR de Jaïtapur. La banque doit se retirer de ce projet. »

En savoir plus sur le projet d’EPR à Jaïtapur