Faillite du nucléaire : ce n'est que le début !

Climat

Paris, 24 juin 2015 – Alors que l’Etat doit finaliser dans les prochaines semaines les annonces sur l’avenir d’Areva, Greenpeace publie un rapport commandé au cabinet Wise Paris : Le nucléaire français : l’impasse industrielle (ici). Ce travail décrypte les perspectives mondiales du secteur énergétique et les met en miroir des choix de stratégie industrielle française.

Loin de mettre fin à ce qu’on nous présente comme une crise passagère du secteur, les annonces faites récemment par le gouvernement font preuve de son manque de vision stratégique, et enfoncent le secteur énergétique français un peu plus dans l’impasse.

« Le contexte énergétique mondial est clairement en faveur des énergies renouvelables et nous les développons trois fois moins vite que tous nos voisins européens, souligne Sébastien Blavier, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace France. La faillite d’Areva est un premier signal d’alarme lancé à l’Etat. François Hollande doit se doter d’une vraie logique industrielle, en réorientant le secteur, pour ne pas rater définitivement le virage de la transition énergétique ».

Le mythe déchu d’un marché international dynamique

La stratégie du secteur nucléaire français a été dans les 15 dernières années, d’aller chercher des débouchés à l’international. Or le rapport rappelle que depuis 10 ans, les marchés internationaux s’orientent tous vers les renouvelables, et la tendance ne va faire que s’accentuer. Les renouvelables, c’est aujourd’hui plus de 22% de l’électricité mondiale quand le nucléaire n’en représente que 10%, et les investissements dans les renouvelables sont 15 fois plus importants que dans le nucléaire. De plus, sur ce marché, le rapport révèle que la France n’a fourni que 2% des réacteurs en fonctionnement hors de son territoire.

EDF : prochain sur la liste ?

Sans même parler d’Areva, qui accuse des pertes cumulées de 7,8 milliards d’Euros, à la hauteur de son chiffre d’affaires, le rapport démontre qu’EDF est en situation périlleuse. Son endettement a doublé en 10 ans pour atteindre 34,2 milliards d’euros en 2014. Les coûts liés à l’exploitation du parc nucléaire augmentent de 5% par an. Pourtant EDF a décidé de l’allongement de la durée de vie des centrales au-delà de 40 ans, ce qui supposerait, si cela vient à être autorisé, des investissements évalués à 110 milliards a minima selon la Cour des comptes. L’étude montre qu’aujourd’hui, EDF n’en a pas les moyens.

L’Etat schizophrène en matière d’énergie

Dans l’absolu, la France a toute latitude pour l’orientation de sa politique : l’Etat est à la fois aux manettes de nos deux géants énergétiques, qu’il détient à plus de 80%, tout en maîtrisant tous les paramètres politiques. La loi de transition énergétique prévoit aujourd’hui de réduire la part du nucléaire à 50% dans le mix énergétique français, en contradiction avec le cap fixé par le gouvernement à EDF. Comme le rapport en fait mention, la lettre de mission de l’Etat au PDG d’EDF lui demande à la fois de renforcer, prolonger et même renouveler le parc nucléaire; de mettre en œuvre la transition énergétique pour réduire la part du nucléaire à 50%, tout en continuant à verser plus de 2,5 milliards d’euros de dividendes par an à l’Etat… Où est la stratégie ?

Contact : Isabelle Philippe, Communication, 06 73 89 48 90