Exportations de déchets nucléaires : l'État brandit le « secret défense », Greenpeace porte plainte

Climat

Paris, le 7 mai 2010 – Greenpeace porte la lutte contre les exportations de déchets nucléaires d’Areva et EDF en Russie sur le terrain juridique. L’organisation de défense de l’environnement porte plainte auprès de la Commission européenne pour violation d’une directive relative aux transferts de déchets radioactifs et fait appel du référé obtenu lundi par Areva.

La France ne respecte pas une directive européenne
La directive européenne de 2006, relative à la surveillance et au contrôle des transferts de déchets radioactifs et de combustible nucléaire usé, stipule que l’expéditeur de déchets nucléaires doit s’assurer des bonnes conditions de sûreté dans lesquelles ils vont être disposés dans le pays dans lequel il les envoie. Aujourd’hui, ni Areva, ni EDF, ni même les autorités françaises ne sont en mesure de contrôler les conditions de sûreté en Russie, comme l’a confirmé l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN).

« Greenpeace va donc porter plainte devant la Commission européenne sur le fait que les industriels français ne respectent pas cette directive en expédiant leurs déchets nucléaires en Russie, déclare Yannick Rousselet, chargé de campagne Nucléaire de Greenpeace France. Les autorités de sûreté russes refusent de faire partie du collectif international des autorités de sûreté nucléaires. Elles ne communiquent pas avec l’ASN française et personne ne peut garantir sur les déchets expédiés de France sont entreposés dans des conditions satisfaisantes en Russie. »

Des transports civils classés « secret défense » et interdits par l’État !
Coup de théâtre mercredi 5 mai : alors que le Kapitan Yakovlev arrivait au Havre pour embarquer une nouvelle cargaison de déchets nucléaires vers Saint-Pétersbourg, le Haut fonctionnaire de Défense, qui dépend du ministère de l’Écologie, a subitement annulé le transport. Deux jours plus tôt, Areva avait obtenu un référé empêchant Greenpeace d’approcher de ses transports de déchets jusqu’en juillet.

« Les autorités ont invoqué le « secret défense » quand on leur a demandé de explications. Voilà bien le signe qu’elles ont un gros problème ! déclare Yannick Rousselet. Dans ces conditions, nous allons faire appel du référé obtenu lundi par Areva et qui nous empêche d’approcher de convois de déchets… eux-mêmes aujourd’hui interdits par l’Etat ! »

Les exportations de déchets ne résisteront pas à la transparence !
Depuis 1972, c’est environ 1 200 tonnes de déchets nucléaires par mois que la France envoie en Russie. Ces déchets sont abandonnés dans des plaines de Sibérie et ne sont pas ré-enrichis, contrairement à ce que prétendent les industriels. Selon les chiffres officiels, fournis par le Haut fonctionnaire de Défense, depuis 2006, 33 000 tonnes d’uranium ont été expédiées vers la Russie, alors que seules 3 090 tonnes ont fait le chemin inverse. Que sont devenues les 30 000 tonnes manquantes ?