Exportations de déchets nucléaires en Russie : Areva s'apprête à arrêter son trafic

Climat

Paris, le 27 mai 2010 – Comme révélé dans un article paru ce jour sur le site Rue89, Greenpeace a découvert qu’Areva va prématurément cesser d’exporter ses déchets nucléaires en Russie. Alors que le contrat qui unit Areva et l’agence atomique russe Rosatom devait prendre fin en 2014 (1), les Russes ont décidé de rompre dès le 11 juillet prochain cette collaboration qui dure depuis 1972.

« La polémique internationale créée ces derniers temps autour de ces exportations a enfin eu raison de ce scandale, se félicite Yannick Rousselet, en charge de campagne Nucléaire de Greenpeace. Ni Rosatom, ni Areva n’évoquent de raison pour cette rupture de contrat. Ils ne souhaitent apparemment pas expliciter l’arrêt prématuré de cet injustifiable trafic, qui se déroulait tranquillement, depuis des années. »

Un trafic révélé par Greenpeace (2)
En 1984, suite au naufrage du cargo Mont Louis au large de Zeebruges (Belgique), Greenpeace découvre que le navire transportait des conteneurs d’hexafluorure d’uranium et met au jour un scandale : la France exporte des déchets nucléaires en Russie depuis 1972. Greenpeace prend position contre ce trafic et s’interpose à plusieurs reprises. En octobre 2009, la diffusion de l’enquête de Laure Noualhat et Éric Guéret, « Déchets : le cauchemar du nucléaire » relance la polémique. N’obtenant aucune explication satisfaisante de la part d’Areva, le ministre de l’Écologie et de l’Énergie saisit le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire qui ouvre une enquête. Prévus pour janvier 2010, les résultats devraient être rendus publics d’ici la fin du mois de juin.

Les mensonges d’Areva
Tout au long de cette bataille, Areva a argué pour seule défense que les déchets nucléaires envoyés en Russie étaient en réalité des matières valorisables qui faisaient là-bas l’objet d’un processus d’enrichissement et étaient ensuite rapatriées en France.

Cet argument ne tient pas la route. Rosatom l’a précisé dans le cadre d’une des réunions du Haut comité : les matières radioactives provenant de France ne sont pas destinées à être valorisées. (3)

De son côté, le Haut fonctionnaire de Défense du ministère de l’Écologie et de l’Énergie a fourni des chiffres sans appel sur les flux de matières entre la France et la Russie : entre 2006 et fin 2009, 32 200 tonnes de déchets sont parties en Russie, alors que seules 3 090 tonnes de matières ont fait le chemin inverse… (4)

Greenpeace se félicite de l’arrêt de ce trafic immoral et scandaleux
L’organisation de défense de l’environnement considère en effet qu’exporter ces déchets en Russie est contraire à loi russe sur la protection de l’environnement datant de 1989 qui interdit les importations de déchets nucléaires. Mais aussi à la directive européenne de 2006, relative à la surveillance et au contrôle des transferts de déchets radioactifs et de combustible nucléaire usé (5).

Ce texte stipule que l’expéditeur de déchets nucléaires doit s’assurer des bonnes conditions de sûreté dans lesquelles ils vont être disposés dans le pays dans lequel il les envoie. Aujourd’hui, ni Areva, ni EDF, ni même les autorités françaises ne sont en mesure de contrôler les conditions de sûreté en Russie, comme l’a confirmé l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN). Greenpeace a donc porté plainte devant la Commission européenne car, en expédiant leurs déchets nucléaires en Russie, les industriels français ne respectent pas cette directive.

(1) voir lettre du ministère russe de l’Energie atomique http://bit.ly/cYCz7u

(2) Plus de détails dans le briefing disponible http://bit.ly/d7ynKp

(3) http://bit.ly/cOAWGz, dernier paragraphe page 14

(4) www.greenpeace.fr/rapport-dechets-russie

(5) à consulter sur http://bit.ly/bDkIo9