EPR de Flamanville : des documents dévoilant l’ensemble de la sécurité du site circulent librement. Greenpeace France y a eu accès.

Nucléaire

Greenpeace France a été destinataire de documents extrêmement détaillés portant sur tous les systèmes de protection de l’EPR de Flamanville. Le contenu de certains de ces documents et la manière dont ils sont parvenus à Greenpeace France révèlent des fragilités très inquiétantes dans le traitement et la circulation de données sensibles au sein d’EDF et de ses sous-traitants. Greenpeace France considère que la sécurité du site de l’EPR est aujourd’hui totalement remise en cause.

Greenpeace France a eu accès à plusieurs milliers de pages de documents, comprenant des plans précis du site de l’EPR de Flamanville, la localisation des caméras de sécurité ou encore des descriptions du système électronique de surveillance. Plusieurs font référence à des validations du Haut Fonctionnaire de Défense et de Sécurité rattaché au ministère de la Transition écologique. Greenpeace France a pu établir une conformité entre ses observations sur le terrain, le calendrier de la construction de l’EPR et certains des documents.

Ces documents ont été remis à Greenpeace France sans sollicitation, recherche ou investigation de la part de l’association, par une personne qui n’avait aucune raison professionnelle d’y accéder, ne travaillant ni de près ni de loin pour l’industrie nucléaire.

Pour Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, « le canal via lequel nous avons eu accès à ces documents prouve que des informations détaillées touchant à la sécurité d’un site nucléaire circulent sur la place publique ». Dans d’autres circonstances, elles auraient pu être vendues ou communiquées à un groupe aux méthodes d’actions violentes. Entre de mauvaises mains, ces informations pourraient permettre de contourner ou de neutraliser certains systèmes de sécurité du site. On peut alors imaginer la possibilité d’une intrusion, d’un sabotage de chantier ou d’un vol de matières radioactives.

« Une fuite de documents confidentiels d’une telle ampleur atteste de défaillances structurelles : avec la multiplication des entreprises sous-traitantes, EDF ne maîtrise plus la circulation de l’information et donc la sécurité de ses installations », analyse Jean-François Julliard. La lecture des documents révèle que de nombreuses entités intervenant sur le chantier de l’EPR ont manipulé, sans précautions de confidentialité suffisante, sans habilitation, des documents atteignant à la sécurité du site. De nombreuses personnes qui travaillent à la sécurité du site de l’EPR n’ont pas été formées aux règles de confidentialité nécessaires pour réaliser leur travail.

Greenpeace France estime qu’il serait totalement irresponsable, dans ces conditions, de poursuivre les livraisons de combustible nucléaire sur le site de Flamanville.