Crise climatique : 2025, une année d’opportunités pour mettre l’industrie fossile face à ses responsabilités

Climat, Énergies

A l’approche de la COP30 et des 10 ans de l’accord de Paris, les décideurs – Emmanuel Macron en tête – doivent saisir les opportunités politiques pour faire payer l’industrie fossile, principale responsable de la crise climatique. Conférence de Séville, convention fiscale des Nations unies, budgets national et européen : dans une note, Greenpeace France détaille ces opportunités et présente les mécanismes fiscaux et budgétaires à promouvoir, dans une année 2025 décisive.

Ce vendredi 23 mai, TotalEnergies convoque son assemblée générale annuelle. Une messe indécente où l’entreprise et ses actionnaires se satisferont de la lucrativité des activités fossiles, et de l’objectif d’augmentation de la production de pétrole et gaz de 3 % par an récemment renouvelé. Mais dehors, le dérèglement climatique s’accélère : 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée et la première à franchir le seuil symbolique de +1,5 °C. Partout dans le monde, les catastrophes s’enchaînent et la crise climatique est de plus en plus visible. Selon les Nations unies, plus de 150 événements climatiques extrêmes ont touché les populations en 2024.

Le coût macroéconomique du réchauffement climatique serait six fois plus important qu’anticipé précédemment par les expert·es. En France, les événements climatiques ont coûté au moins cinq milliards d’euros l’an dernier selon France Assureurs – un chiffre qui ne reflète qu’une partie des dommages réels. Aujourd’hui, ce sont les populations qui paient l’addition, par l’impôt ou les primes d’assurance. Pourtant, les véritables responsables sont connus : 36 entreprises fossiles, dont TotalEnergies, sont à l’origine de la moitié des émissions mondiales de CO₂.

C’est cette même industrie fossile qui engrange des profits indécents pendant que la planète brûle : en 2024, les cinq grandes majors (Shell, Chevron, Exxon, BP & TotalEnergies) ont dégagé plus de 100 milliards de dollars de bénéfices(1), reversés massivement à leurs actionnaires(2). Pour le seul premier trimestre 2025, TotalEnergies a déjà déclaré 3,9 milliards de dollars de bénéfices.

Une question de justice

L’année 2025 est décisive pour faire avancer concrètement la justice climatique. Plusieurs dates aux niveaux national, européen et international offrent l’opportunité d’agir, avec en point d’orgue, la COP30 à Belém (Brésil) en fin d’année. Fiscalité des bénéfices et des dividendes, taxation punitive de l’extraction d’énergies fossiles, soutien accru aux mécanismes internationaux de pertes et dommages : ces leviers sont connus, ils sont techniquement possibles. Il ne manque que la volonté politique. La Global Solidarity Levies Task Force lancée par le président de la République avec le Kenya et la Barbade s’est engagée à faire des annonces de nouveaux prélèvements de solidarité au sein de coalitions de pays à la COP30.

Pour Lorelei Limousin, chargée de campagne Énergies fossiles chez Greenpeace France : “La France prône la sortie des énergies fossiles sur la scène internationale mais continue de soutenir les entreprises pétrolières et gazières à grand renfort de voyages diplomatiques, de subventions et de publicité. Après huit années au pouvoir, Emmanuel Macron et ses gouvernements n’ont pas traduit en actes les effets d’annonce et leurs postures volontaristes vis-à-vis du climat et de la responsabilité des pollueurs. Le président avait promis que son quinquennat serait écologique ou ne serait pas. Pour l’instant, il n’est pas. Mais il est encore temps d’agir.

La société, elle, est prête. En France, 74 % de la population soutient l’idée de taxer davantage les entreprises et les individus qui polluent le plus pour aider celles et ceux qui polluent le moins. Partout dans le monde, des mouvements citoyens réclament des politiques climatiques plus justes et plus ambitieuses.

Dès les semaines à venir, de nombreux rendez-vous politiques permettront de se saisir de ces sujets. Aujourd’hui, mardi 20 mai, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher est auditionnée à l’Assemblée nationale à propos du 3e plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC). Ce plan est attaqué en justice par des sinistrés climatiques notamment parce qu’il est sous financé. Du 16 au 26 juin se tiendront des sessions intermédiaires en amont de la COP30 à Bonn (Allemagne), et du 30 juin au 3 juillet se tiendra la 4e Conférence des Nations unies sur le financement du développement à Séville (Espagne).

Lorelei Limousin ajoute finalement : “Agir contre le dérèglement climatique coûte moins cher que de le subir. Mais surtout, il est grand temps d’inverser la logique : celles et ceux qui causent la crise doivent payer pour les dégâts. La question d’un partage de l’effort juste entre les acteurs économiques en fonction de leur responsabilité dans le changement climatique est essentielle : elle permet l’acceptabilité sociale nécessaire à la mise en œuvre de politiques climatiques efficaces. Les profits de l’industrie fossile doivent servir à la transition écologique, à l’adaptation et à la réparation des dégâts, pas à enrichir les irresponsables qui continuent de miser sur le pétrole et le gaz.


(1) ExxonMobil (33,5 milliards de $), Chevron (18,3 milliards de $), Shell (23,7 milliards de $), BP (8,9 milliards de $) et TotalEnergies (18,3 milliards de $) pour un total d’environ 102,7 milliards de $ de résultat net ajusté.

(2) ExxonMobil (36 milliards de $), Chevron (27,2 milliards de $), Shell (22,6 milliards de $), BP (12,1 milliards de $) et TotalEnergies (15,7 milliards de $) pour un total d’environ 113,6 milliards de $ de redistributions.



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