Crimes dans les forêts du Congo : Greenpeace dénonce DANZER et l’Agence Française de Développement
Paris, le 7 novembre — Ce matin à 9h, 12 activistes de Greenpeace ont pénétré dans la zone de stockage du port de Blainville (Caen) pour intervenir sur une quinzaine de grumes (troncs) de bois tropical en provenance de République Démocratique du Congo (RDC) et appartenant au groupe allemand Danzer. Ils ont délimité une scène de crime, peint en couleur de sang sur le bois et déployé des banderoles « Danzer crime au Congo » ou « la France complice ».
Cette action a lieu le jour de la publication d’un rapport intitulé « Futur volé. Exploitation forestière et conflits dans les forêts tropicales congolaises – le cas Danzer », qui revient sur l’implication du groupe Danzer, une société d’exploitation de bois allemande (basée en Suisse), et de sa filiale congolaise SIFORCO dans de graves exactions dans les forêts de République Démocratique du Congo. Les forêts du bassin du Congo constituent la deuxième étendue de forêts tropicales après l’Amazonie. Rapport consultable sur : http://www.scribd.com/doc/71900782.
Les faits : DANZER et la violence de l’exploitation des forêts de RDC
Basé sur les preuves et témoignages collectés sur place, le rapport de Greenpeace montre comment dans la nuit du 2 mai 2011, 60 soldats et policiers ont attaqué la communauté forestière de Yalisika, dans le village de Bosanga (territoire de Bumba – province de l’Equateur). Un homme est mort, et plusieurs femmes ont été violées, dont des mineures. Des villageois ont été battus et 16 personnes arrêtées et emmenées.
« En fait, Danzer est directement impliqué dans ces graves exactions, puisque nous avons la preuve que sa filiale sur place a fourni les moyens logistiques (un camion et un chauffeur) et a payé les soldats et policiers qui ont mené cette expédition punitive« , explique Frédéric Amiel, chargé de campagne Forêts pour Greenpeace France.
Ces évènements font suite à plusieurs semaines de conflits avec la communauté forestière. Celle-ci réclamait que la compagnie qui exploite ses forêts remplisse enfin ses obligations légales, c’est-à-dire fournisse des infrastructures de bases promises (un centre de santé et une école) en l’échange de l’extraction du bois précieux.
« Ce n’est pas la première fois que de telles horreurs sont mises en lumière. Les entreprises forestières comme Danzer violent très régulièrement les accords conclus avec les communautés locales et répondent aux revendications légitimes par le recours à l’armée ou la police. Cette triste histoire est représentative de la façon dont le business de l’exploitation forestière fonctionne en RDC« , poursuit Frédéric Amiel.
A la suite des évènements de mai 2011, les villageois ont officiellement porté plainte contre la compagnie au pénal à la fin du mois d’août, une action sans précédent dans la lutte contre l’impunité des entreprises en RDC.
L’agence française de Développement et l’argent du contribuable complices
Greenpeace révèle aussi le rôle des coopérations étrangères de pays comme la France et l’Allemagne, qui soutiennent les compagnies forestières comme Danzer par des prêts et des subventions directes ou indirectes. Ceci sous prétexte de soutenir le principe d’une soi disant « exploitation forestière durable » dans le bassin du Congo, idée qui est constamment démentie par des évènements comme ceux décrits dans ce rapport.
« Les évènements de Yalisika, et les nombreux conflits liés à l’industrie forestière, prouvent que l’exploitation industrielle du bois ne peut pas être considérée comme une solution, que ce soit pour protéger les forêts ou pour assurer un développement durable pour ceux qui vivent dans ces forêts« , poursuit Frédéric Amiel. « L’Agence Française de Développement doit en urgence rompre ses liens avec les entreprises comme Danzer et utiliser l’argent du contribuable au profit de la protection des forêts et des communautés forestières plutôt que de soutenir ce type d’exploitation industrielle« .