Course zéro pesticide / 4e édition : Où en est la réduction des pesticides dans la grande distribution ?

Carrefour, Auchan, E.Leclerc… Depuis quatre ans, Greenpeace France classe les enseignes de la grande distribution selon leurs efforts pour éliminer les pesticides des fruits et légumes présents sur leurs étals. Ces dernières années, la quasi-totalité des enseignes s’est positionnée sur la question, en prenant des engagements plus ou moins forts. Cette année, Greenpeace a été vérifier la réalité de ces déclarations sur le terrain, en interviewant directement les agriculteurs et agricultrices qui fournissent ces enseignes. Ces derniers témoignant de manière anonyme.

Découvrez le classement des enseignes dans le dossier de presse

La tendance « zéro résidu de pesticide », un étiquetage trompeur

Deux enseignements principaux ressortent de cette enquête. Concernant l’usage des pesticides, trois tendances se distinguent aujourd’hui au sein de la grande distribution. Une partie des enseignes font de réels efforts pour réduire drastiquement l’usage des pesticides jusque dans les champs. Notamment Carrefour et Monoprix qui adoptent une approche agroécologique tournée vers l’amélioration des pratiques agricoles de leurs agriculteurs et agricultrices. Intermarché vise lui à engager une bonne partie de ses volumes vers la certification “Haute Valeur Environnementale” (HVE) du Ministère de l’Agriculture dont le niveau d’exigences assure une baisse importante de l’usage des pesticides.

D’autres enseignes, Auchan et Casino se tournent vers une autre démarche appelée « Zéro résidu de pesticide ». Cette approche augmente dangereusement sur les étals depuis quelques mois et vise à éliminer au maximum les traces de pesticides sur un produit à la vente.

« Le problème est qu’un produit alimentaire ne présentant plus de traces de pesticides ne garantit pas une réelle baisse de l’usage des pesticides par les agriculteurs et agricultrices, déclare Ingrid Aymes, chargée de projet chez Greenpeace France ! Ce n’est donc pas un gage d’une réelle transition vers une agriculture écologique. La grande distribution doit à tout prix éviter de se tourner vers cet étiquetage trompeur ».

Le reste des enseignes, E. Leclerc et Système U, cultive l’ambiguïté en promouvant les deux précédentes approches. D’un côté, elles s’engagent dans des démarches visant une réduction réelle des pesticides, que ce soit à travers la certification “Haute Valeur Environnementale” (HVE) pour E. Leclerc, ou à travers un important travail d’identification et de caractérisation des molécules les plus dangereuses pour la santé humaine et l’environnement (Système U). Mais de l’autre, soit elles se tournent également sur des objectifs de “Zéro résidu de pesticides” (Système U), soit elles n’excluent pas de s’engager prochainement dans la voie de la suppression des résidus de pesticides (E. Leclerc).

Des agriculteurs et agricultrices insuffisamment soutenus par la grande distribution

L’un des autres critères de classement de Greenpeace est le soutien apporté par les enseignes à leurs producteurs. Changer ses pratiques agricoles et utiliser moins de pesticides nécessite en effet des efforts financiers et une prise de risques qui ne doivent pas être assumés uniquement par les agriculteurs et agricultrices mais soutenus par la grande distribution. Nombre d’enseignes surfent pourtant sur la vague du local, en affichant moultes communications mettant en avant les producteurs et productrices.

« Le soutien des grandes enseignes aux producteurs reste aujourd’hui  un pur exercice de communication, continue Ingrid Aymes, En réalité, la grande distribution continue d’exercer une pression constante sur ses fournisseurs. La plupart de celles et ceux que nous avons rencontrés affirment qu’aucune enseigne ne leur propose un prix véritablement revalorisé, à la hauteur des efforts engagés, ni de contrats réellement sécurisants ».