COP28 : un accord qui manque cruellement de fermeté

Le texte finalement voté ce matin marque un premier pas vers la reconnaissance d’une nécessaire sortie complète des énergies fossiles. Pourtant, nous sommes loin d’une décision à la hauteur de l’urgence climatique : en utilisant l’expression transition away, l’accord occulte la sortie définitive de toutes les énergies fossiles, comme recommandé par la communauté scientifique pour respecter l’Accord de Paris.

Pour Sarah Roussel, chargée de campagne Climat chez Greenpeace France, « si l’accord final mentionne pour la première fois le sujet des énergies fossiles, c’est avec bien trop de timidité.
“Entamer une transition hors des énergies fossiles” comme il est écrit dans le texte, ne va pas permettre à la communauté internationale d’organiser la fin de sa dépendance aux énergies fossiles.  Les communautés en première ligne de la catastrophe climatique ont besoin de plus que ça. L’accord validé par l’ensemble des Etats manque cruellement de fermeté malgré la mention encourageante de l’objectif du triplement des énergies renouvelables d’ici à 2030 et du doublement de l’efficacité énergétique. Au niveau national, il est temps de mettre en cohérence les discours portés par Emmanuel Macron à la tribune de la COP et la politique climatique nationale : la France doit rendre lisible l’articulation entre les grands discours donnés sur la scène internationale et les choix qu’elle opère concrètement le reste de l’année, en avançant des projets qui respectent ses objectifs ».

Par ailleurs, le texte ouvre la porte à toute une série de fausses solutions qui éloigne la communauté internationale d’une sortie du pétrole, du gaz et du charbon : les technologies de captation du carbone et le pari du nucléaire sont des signaux d’alarme importants.

Le texte manque également de soutiens financiers qui permettrait aux pays du Sud d’eux aussi transformer leur système énergétique. Pour Greenpeace France, les pays riches ont la responsabilité de prendre les devants en abandonnant rapidement les combustibles fossiles et en fournissant des financements climatiques plus importants aux pays en développement, pour leur transition énergétique et pour l’adaptation.

Pour que les nombreux objectifs de l’accord soient atteints, et notamment le financement du fonds pertes et dommages, les pays riches devront à l’avenir augmenter considérablement leur soutien financier et inévitablement faire payer les pollueurs des combustibles fossiles.

Il faut désormais transformer l’essai au niveau national, et promouvoir des politiques qui sont nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux.

Dans le cadre de l’Union européenne, la France a joué un rôle pour faire avancer le processus vers une fin des énergies fossiles. Mais elle n’a pas non plus hésité à se faire accompagner de Patrick Pouyanné dans la délégation française, à promouvoir son obsession du nucléaire, et à faire une annonce de sortie des combustibles fossiles en contradiction avec la politique nationale effective.

S’il est raisonnable de prévoir une sortie du pétrole pour 2040-2045, comment comprendre que le gouvernement laisse faire un projet de forage de huit nouveaux puits de pétrole à La-Teste-de-Buch (33) ?
Comment interpréter la volonté annoncée de sortir du gaz en 2050 alors que cette date devrait être avancée pour respecter les objectifs climatiques, et qu’un nouveau terminal méthanier flottant a été installé en septembre dernier installé au Havre ?
La limite de 1,5 °C de réchauffement global doit absolument rester la boussole des politiques publiques. Plus le temps passe, plus notre marge de manœuvre se rétrécit.

Enfin, si l’annonce d’une task force de réflexion sur les financements innovants est un premier pas, qui doit maintenant tenir ses promesses en privilégiant des taxes capables de générer des centaines de milliards de dollars pour lutter contre les pires impacts du changement climatique. Parmi les options les plus évidentes : taxer les entreprises des énergies fossiles.