Conférence des Nations Unies sur les océans : La mobilisation contre l’exploitation minière des abysses grandit à Lisbonne

Océans

La conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC) s’est ouverte hier à Lisbonne avec un premier acte important dans la mobilisation contre l’exploitation minière des océans. Le gouvernement de la République des Palaos, état insulaire de Micronésie, a annoncé son opposition à l’exploitation minière en eaux profondes et le lancement d’une nouvelle “Alliance des pays pour un moratoire contre l’exploitation minière des océans”, visant à empêcher cette industrie destructrice de voir le jour. L’annonce a été faite par le président des Palaos, Surangel Whipps Jr, lors d’un événement co-organisé par la Deep Sea Conservation Coalition et le Fonds mondial pour la nature (WWF).

En parallèle, la députée européenne française Marie Toussaint, accompagnée de deux autres parlementaires, lance ce jour une “déclaration parlementaire mondiale pour un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins”, invitant les parlementaires du monde entier à adopter un principe de précaution et à interdire cette industrie dont les impacts potentiels pour la biodiversité et le climat sont à ce jour inconnus.

“L’étau contre l’exploitation minières des océans se resserre et la France ne peut plus rester aux abonnés absents concernant cet enjeu, constate François Chartier, chargé de campagne océans pour Greenpeace France. La seule position valable pour Emmanuel Macron, dans le prolongement du One Ocean Summit de Brest, est de défendre ce moratoire sur l’exploitation des grands fonds devant l’autorité régulatrice, l’Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM). Tout autre positionnement ne serait qu’hypocrisie et jeu de manches”.

Attendu jeudi 30 juin à Lisbonne, Emmanuel Macron a jusqu’à présent envoyé de très mauvais signaux concernant le démarrage de cette industrie pour la France, qui possède le deuxième domaine maritime au monde. Le Président français refuse pour l’heure de rejoindre le moratoire ; lors de la présentation du plan de relance ‘France 2030’ le 21 octobre 2021, il se montrait extrêmement volontariste et prêt à lancer l’exploitation des abysses. “Alors qu’on ne connaît pas les impacts d’une telle industrie, le Président Macron joue avec le feu et, comme à son habitude concernant les enjeux environnementaux, tient un double langage : il se montre ambitieux dans la lutte pour la protection des océans, en soutenant l’objectif de protéger 30% des océans d’ici 2030 et l’adoption du traité sur la haute mer, et défend en parallèle une politique extrêmement productiviste de cet écosystème et une vision extractiviste archaïque”, poursuit François Chartier.

La semaine dernière, un rapport publié par la commission d’information du Sénat intitulé “Abysses, la dernière frontière”, mettait en garde contre une exploitation prématurée de ces grands fonds, écosystèmes encore largement méconnus.

Les demandes de Greenpeace France pour l’UNOC :

  • La France doit soutenir la mise en place d’un moratoire à l’AIFM (Autorité Internationale des Fonds Marins), mais aussi pour la ZEE française (zone économique exclusive). La France doit donc rejoindre le groupe des pays appelant à un moratoire et porter cette position lors de l’assemblée et du conseil de l’AIFM fin juillet et début août.
  • La France doit soutenir l’adoption d’un traité ambitieux sur la haute mer a New York en août, lors de la 5e conférence intergouvernementale (IGC5). Ce traité doit permettre la création d’aires marines protégées en haute mer, afin notamment de protéger les écosystèmes les plus vulnérables de ces grands fonds.