Climat : une position franco-allemande indéfendable

Climat

Paris, le 26 mai 2010 – Dans un rapport à paraître aujourd’hui, la Commission européenne devrait annoncer qu’un renforcement de l’objectif européen de réduction des émissions de gaz à effet de serre serait nettement moins coûteux que prévu, créateur d’emplois et de relance l’économie européenne.

La Commission européenne estime en effet que la réalisation de l’objectif actuel de réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020 coûte 30 % moins cher (22 milliards d’euros) par rapport aux estimations de 2008. Et augmenter l’objectif à 30 % permettrait l’économie de 40 milliards d’euros sur les seules importations d’énergies fossiles et créerait des centaines de milliers d’emplois verts.

« D’un point de vue environnemental comme économique ou stratégique, tout plaide pour que l’Europe se dote d’un objectif de 30 % de réduction de ses émissions d’ici à 2020, constate Karine Gavand, chargée de campagne Climat à Greenpeace France. La lecture du rapport de la Commission rend inexplicable la position franco-allemande qui plaide pour un gel des ambitions climatiques européennes. »

Le couple franco-allemand, porte-parole des intérêts industriels
En conditionnant le passage à -30 % à l’instauration d’une taxe carbone aux frontières, soutenue par le seul couple franco-italien depuis des mois, le Président français, tout autant que son ministre, bloque la politique climatique de l’Europe.

« Comment les ministres de l’industrie des deux poids lourds de l’Europe peuvent-ils justifier un appel au gel de la politique climatique ? Se contentent-ils de défendre les seuls intérêts de quelques groupes industriels aux dépens des citoyens et consommateurs européens ?, s’insurge Karine Gavand. La parole est désormais au Président français et à la Chancelière allemande. Mais il est fort à parier que Christian Estrosi dise tout haut ce que Nicolas Sarkozy pense tout bas… »

Ce que les lobbys industriels oublient de dire…
Les représentants des industries intensives en carbone affirment, à l’inverse de la Commission européenne, que des objectifs climatiques ambitieux vont amener des pertes d’emplois et une baisse de la production, en les exposant à la concurrence étrangère. Ils omettent de préciser que dans le même temps, ces industries gagnent des milliards grâce à des permis de polluer non utilisés (principalement en raison du ralentissement de l’économie) !

Un rapport a montré la semaine dernière que les secteurs de l’acier et du raffinage ont répercuté sur les consommateurs européens les coûts imaginaires de ces permis de polluer, qui leur ont été distribués gratuitement, réalisant ainsi 14 milliards d’euros de profits en 3 ans seulement, sans délocaliser (voir “Does the energy intensive industry obtain windfall profits through the EU ETS?”, CE Delft, 2010).

Greenpeace appelle les membres de l’Union européenne à soutenir et suivre les recommandations du rapport de la Commission européenne. Ce serait un premier pas vers une réduction d’au moins 40 % des émissions de l’ensemble des pays industrialisés dans le cadre d’un accord mondial sur le climat.

À lire (en anglais)
Briefing analysant les conditions d’un passage à 30 % et précisant la position de chaque gouvernement sur le sujet
Briefing démystifiant les arguments utilisés par certains lobbys industriels pour s’opposer à un objectif de réduction de 30 %